« Ce qu’il y a de bien avec la France, c’est qu’au moins on n’a pas besoin de la quitter pour en avoir la nostalgie »
C’est sous une forme très originale que l’écrivain Renaud Camus a présenté sa candidature à la présidence de la République française. Son programme se résume en deux mots : grand et remplacement. Entre deux borborygmes ou chants primitifs, le châtelain lance ses proverbes sur les dangers de l’immigration. Son constat est juste, son interprétation l’est moins.
Renaud explique sa mission :
Renaud, désormais membre du SIEL, l’annexe identitaire du FN, se porte candidat :
« Comment ne comprennent-ils pas que dans la conquête islamique, ce n’est pas l’islam que nous détestons, c’est la conquête ? »
Le grand remplacement est la version politique de l’immigration. Il ne s’agit plus d’étrangers (clandestins ou pas) qui viennent en France pour du travail, ou une vie meilleure (avec ou sans allocs), mais d’un projet politique global, où l’islam fait figure de nouvel impérialisme. Impérialisme qu’on peut vérifier chaque jour dans les médias avec la puissance du lobby... islamiste !
Cette simple remarque déconstruit le château de sable du remplacement. Certes, les effets de l’immigration de masse sont bien réels. Mais qui l’a décidée, et surtout, pourquoi ? Là, Renaud est moins chantant, moins disert. Il accuse avec raison la classe politique de « remplacisme » – chose indéniable – mais ne va pas plus loin dans l’analyse de cette décision oligarchique au retour sur investissement à très, très long terme…
Renaud, qui a eu des ennuis avec le lobby sioniste, sait depuis se tenir :
Renaud Camus : Il faut faire un autre Israël chrétien (applaudissements).
Nicolas Gauthier : Israël est une aberration historique.
Renaud Camus : Alors inutile de nous dire que je m’élève totalement contre cette déclaration.
Renaud Camus et Alain Finkielkraut se la racontent
Il y a un an, le 19 octobre 2015, le journal Causeur organisait une rencontre entre deux géants. L’échange « de haut vol » – promettait Élisabeth Lévy – entre Renaud Camus et Alain Finkielkraut promettait d’être flamboyant.
Las, au lieu d’une bataille d’aigles royaux dans le ciel rouge d’Austerlitz, deux petits poulets qui se font des politesses XVIIIe. N’est pas la correspondance Morand/Chardonne qui veut. Au moins ces deux écrivains ne glosaient-ils pas trop sur la marche du monde, sachant le risque d’être contredits par l’actu, et s’attachaient au style, aux petites choses, celles qui durent. La correspondance Finky/Camus va vite passer pour le journal de bord de deux papis au bord de l’apoplexie devant les images de « migrants » au 20 Heures. Et encore, il n’y avait pas eu les attentats.
Renaud attaque bille en tête :
Et je ne parle de leur effet catastrophique sur l’environnement, au sens le plus matériel et immédiat du terme : quelque endroit où ils se concentrent prend aussitôt l’aspect d’une décharge publique. On est bien loin des « demandeurs d’asile » des autres époques. N’incriminons pas les origines, les cultures, mais le nombre. Dès que le nombre permet la force, c’est la force et l’esprit de conquête qui se manifestent.
Alors que des étrangers, ils n’ont pas dû en voir beaucoup, sauf peut-être à Paris, en allant chez leur éditeur. Si l’on met de côté les assauts de politesses entre ces deux amis, il reste une discussion de bistrot sur les étrangers qui viennent bouffer dans notre gamelle, piquent notre flouze et violent nos gonzesses.
Il n’est pas question ici de faire de l’humanisme 2.0, mais de montrer la portée d’un tel échange : quasi nulle. Le châtelain a les chocottes des barbares et veut employer l’armée pour écrire tranquille ? Pourquoi pas, mais ça peut se dire en trois phrases, sans tortiller du popotin philosophique. Le pouvoir fort qui fait mouiller les faibles. Finky, lui, joue les virginales, avec son côté « c’est pas bien de dire des saletés sur les sales étrangers ».
Tu parles, il en pense pas moins le Finky ! On est prêts à parier que si un cargo chargé de 30 000 barbares s’évaporait en Méditerranée, il sortirait sa plume pour maudire la misère africaine, mais serait bien content de compter 30 000 remplaceurs de moins. Diantre, une horde de gueux subsahariens vient nous chier sur les souliers vernis ! Nos deux zozos, plus aristocrates dans les salamalecs que dans le concept, c’est le Muppet Show qui résout le problème des migrants à coups de kalach.
La correspondance de haut vol, elle repassera.
Tout n’est pas perdu. Dans le naufrage qu’est cet échange papistolaire, on a sauvé quelques belles pièces de courtoisie XVIIIe. Vôtrement vôtre ?
« En toute amitié, Alain »
« Très amicalement à vous, Renaud »
« Votre ami, Alain »
« Très amicalement à vous, Alain »
« Très vôtre, Renaud »
« Votre ami et admirateur, Renaud Camus »
« Votre ami et lecteur fidèle, Alain »
« Croyez à ma très kohrienne amitié, Renaud »
Le vrai passage à sauver, de Renaud :
« Hitler est au bout de toutes nos phrases et de toutes nos pensées, et cette référence obsessionnelle nous paralyse. Le continent, je l’ai souvent écrit, est comme un patient tellement opéré et réopéré du cancer hitlérien que, par précaution, et par crainte désormais imaginaire d’une résurgence de ce mal-là, on l’a dépouillé de toutes ses fonctions vitales et on le laisse sans défense contre d’autres horreurs. Il n’a plus de cœur, plus de cerveau, plus de virilité, plus de volonté, plus d’yeux. Il ne voit même pas l’invasion dont il fait l’objet et qu’il prend, comme M. le président du Sénat, pour une crise humanitaire. Nous prenons des géants pour des moulins à vent. »
Renaud peut en parler : il a lui-même été opéré de l’hitlérisme.