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Réédition Kontre Kulture : Mémoires d’un magicien, de Hjalmar Schacht

Le Dr Hjalmar Schacht (1877-1970) est un économiste allemand, président de la Reichsbank de 1924 à 1930 puis de 1933 à 1939, et ministre de l’Économie du Troisième Reich de 1934 à 1937.

Commissaire de la monnaie en 1923 sous la République de Weimar, le Dr Schacht contribue à mettre fin à la terrible crise hyperinflationniste qui ruina l’économie allemande. Nommé peu après président de la Reichsbank, il a pour souci constant la stabilité de la monnaie et le frein à l’endettement public. Farouche adversaire du Diktat de Versailles qui n’avait pas apporté la paix, mais imposé « cette diffamation morale […] par quoi on flétrissait l’adversaire, représenté comme un criminel à détruire », il dénonça sans relâche le bien-fondé des réparations, que ce soit sur le plan économique, politique ou moral : « Je regardais comme mon devoir de lutter sans me lasser pour leur suppression. »

Après l’accession de Hitler au pouvoir, à qui il accorda un soutien critique, il espère contribuer au maintien de la paix par la prospérité économique. Mais, alors que Roosevelt, à la tête de l’État américain, n’avait « pour remettre en marche l’économie […] qu’à puiser dans un monceau d’or, Hitler ne détenait qu’une bourse vide ». Il imagine alors le système des « effets-MEFO », traites qui peuvent être tirées sur la MEFO, société fondée pour l’occasion, échangeables à la Reichsbank et garanties par l’État, permettant de remettre en route l’économie allemande sans créer d’inflation. La mission de la politique économique repose, disait-il « sur deux exigences essentielles : développer autant que possible la production, répartir aussi équitablement que possible les biens qu’elle crée ».

S’opposant de plus en plus à Hitler, sur la question du réarmement comme sur certaines questions de politique intérieure, il rallia les conjurés qui tentèrent de l’assassiner le 20 juillet 1944. Inculpé pour haute trahison, il sera interné en camp de concentration, puis libéré par les Américains pour être immédiatement jeté en prison à Nuremberg. Acquitté par le Tribunal international, il sera à nouveau incarcéré dans des prisons allemandes et jugé devant différentes chambres de dénazification.

Bismarck, Poincaré, Roosevelt, Hitler, le Dr Schacht a croisé les plus grands, ceux qui ont fait l’histoire. Acteur lui-même dans les grandes discussions du siècle dernier qui ont modelé le monde, il a connu aussi ses pires turpitudes : « La bête humaine est partout la même », dira-t-il en songeant à ses années d’emprisonnement.

Inlassablement, et quels que soient sa position ou les dangers encourus, il fit ce qui lui semblait être son devoir : « On m’a souvent appelé magicien   : eh bien  ! ce sont les Mémoires d’un magicien. Il n’y a rien dans mon passé dont j’aie à rougir. Chaque individu porte en lui un certain nombre de dispositions innées. Il peut, comme dit l’Écriture, faire valoir son talent ou l’enfouir dans la terre. Pour moi, je me suis efforcé de mettre mes dons au service du peuple auquel j’appartiens. »

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7 Commentaires

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  • #1347119
    Le 16 décembre 2015 à 19:41 par Ahmed de Lens
    Réédition Kontre Kulture : Mémoires d’un magicien, de Hjalmar Schacht

    J’ai lu La révolution européenne de Francis Delaisi et il fait une allusion théorique à "l’étalon travail" de l’économie allemande : qui a pris la forme des effets MEFO de Hjalmar Schacht (prononcez Yalmar Chakt). Une trouvaille simple et efficace pour une relance industrielle rapide.

     

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  • #1347273

    Il fut parmi tous les dirigeants nazis qui furent soumis à un test QI par les forces alliés à la fin de guerre, celui qui avait le QI le plus élevé avec Arthur Seyß-Inquart suivi de près par...Herman Goering !

     

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  • #1347447

    Schacht est souvent présenté par les dénonciateurs du nouvel ordre mondial comme un "agent des Rothschild" qui avait pour mission d’accroître la puissance économique allemande dans le seul but de rendre la guerre possible. C’est faux. Il est quand même incontestable que Schacht était un financier très compétent, très respecté, jouissant de contacts privilégiés très hauts placés dans le monde pourri de la finance internationale. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le gouvernement nazi l’a forcé à bien faire son travail, à user de ses talents et de ses contacts privilégiés pour enrichir l’Allemagne et la remettre sur pieds, ce qui a porté fruit. Que Schacht ait aimé ou non les nazis n’y changea rien. Après avoir terminé son travail, il a été mis sous surveillance par la Gestapo puis arrêté, car plus rien ne garantissait sa loyauté envers l’État. Il a été mis hors d’état de nuire avant même qu’il ait eu le temps de causer du tort.

     

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    • #1347714

      Je vous avoue que je reste extrêmement sceptique vis à vis de Schacht quant au rôle "fondateur" qu’il a tenu dans la création de la Banque des Règlements Internationaux (Bâle) en 1930 avec à ses côtés Benjamin Strong de la FED, Montagu Norman de la BoE et Charles Rist de la Bdf...
      Cette mère des banques centrales est une des institutions monétaires internationales les plus opaques qui n’ait jamais existé et la reine du jeu ploutocratique moderne, bien qu’on nous vantait bien évidemment sa forte indépendance à sa création.

       
  • #1347676
    Le 17 décembre 2015 à 13:03 par coyoterevolte
    Réédition Kontre Kulture : Mémoires d’un magicien, de Hjalmar Schacht

    Schacht : une énigme qui fréquentait nazis et rotschild. Hâte de lire ce livre sur un personnage relativement méconnu mais essentiel pour comprendre les années 20 et 30 ainsi que la 2nde guerre mondiale.

     

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  • #1348419

    Soral a mentionné une fois cet économiste, dans une vidéo de conseils de lecture (en marge du livre La révolution européenne de Delaisi, je crois)
    Ça doit forcément être très intéressant et à contre courant de toute la doxa actuelle ; n’est pas Infrékentable qui veut !
    J’attends avec impatience le commentaire du patron sur cette nouvelle sortie KK.

     

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  • #1351508

    Bravo pour cette réédition. C est un voyage extraordinaire dans les coulisses du pouvoir au siècle dernier, par un grand monsieur et homme d état.
    Il a défendu son pays et son peuple, en dépit des aléas politiques et de la clique de Hitler. Quel courage et qu’elle volonté pour avoir persévèré dans ces conditions.

     

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