Si vous n’êtes pas partis en vacances cet été, comme 40 % des Français (en réalité, au moins 60 %) à cause des records de température (60 degrés au sol selon Sardine), mais aussi pour des raisons bassement matérielles (l’inflation de 30 % plus les tarifs indignes du TGV, cet ex-fleuron national devenu un outil pour riches et pour employés de la SNCF, sans oublier les sénateurs et les députés qui bougent leur gros cul à l’œil), vous avez dû suivre le feuilleton Médine contre Rachel, la version réactualisée du match Dieudonné/CRIF.
En deux mots, Médine est ce rappeur gauchiste qui a fait un minuscule jeu de mot sur Rachel, la protégée de la milliardaire Bleustein-Blanchet, Élisabeth de son prénom, épouse du très controversé protecteur des assassins (même d’enfants), l’ancien ministre de la Justice Robert Badinter. On a bon ?
Dissuasion communautaire
Or, on n’a pas le droit de faire de jeu de mots avec Rachel, qui peut envoyer la foudre atomico-médiatique avec la Badinter, la philosophe qui a décidé d’entrer en guerre contre les islamo-gauchistes, c’est-à-dire la tribu du Mélenchon, accusée de tous les maux depuis que ses 75 députés vivent grassement (avec Panot à leur tête) sur le vote des pauvres de banlieues, composées en majorité de musulmans.
Après le passage de Médine aux universités d’été des deux partis de gauche survivants, EELV et LFI, la polémique n’est pas éteinte. Médine a dû s’excuser trois fois avant le chant du coq, et Rachel a pleurniché chez la très complaisante Laurence Ferrari, qui a immédiatement pris parti pour la victime, femme, noire et juive. Médine, lui, s’il n’est pas un Blanc de plus de 50 ans (ouf), est quand même un racisé de 40 balais musulman. Donc théoriquement, dans la compétition victimaire, il perd 3 à 2.
On écoute la blonde et la brune : Lolo peine à contenir sa colère, et Rachel ses larmes. On remarque que Lolo oublie de citer, dans l’introduction de ce procès, l’insulte de Rachel à Médine.
« Vous avez été visée par un tweet antisémite de Médine, le rappeur, qui a été invité aux universités d’été d’Europe Écologie-les Verts et de La France insoumise, vous vous étiez dans un premier temps moquée de cette venue, de cette invitation que vous jugez incongrue, de ce rappeur dans ces universités d’été, et il avait fait un tweet en faisant un jeu de mot ignoble sur votre nom, resKHANpée... Ce tweet évidemment est absolument révulsant. On va juste écouter les piètres excuses que ce personnage a formulées lors des universités d’été des Verts, et puis on entendra votre réponse, vous avez publié une tribune dans Le Monde aujourd’hui. »
Rachel, présentée comme « artiste, écrivain, essayiste » par l’animatrice, est totalement inconnue du grand public quant à son apport à la culture et à l’intelligence collective. Personne n’est foutu de trouver une idée originale produite par cette dame, ce qui signifie que sa fonction, à l’instar du faux philosophe BHL, est autre.
La réponse de Médine figure aussi dans l’émission de Praud du 30 août 2023, au cours de laquelle le commissaire Nulleau perd les deux roues avant (à partir de la 60e minute).
« Que les partis de gauche s’acoquinent avec un personnage comme Médine, c’est quand même un événement capital, mais qui en effet laisse indifférent la plus grande partie de nos compatriotes. Mais petit à petit, on recule. C’est-à-dire que, maintenant, on s’acoquine, on invite pour débattre très sérieusement avec un type qui est un antisémite con-vain-cu ! Qui est un pratiquant de la quenelle, qui a tenu sur Rachel Khan des propos in-ad-missibles ! »
En écoutant Rachel, Lolo et Nulleau, on a l’impression que Médine a fait partie du commando du Bataclan. On rappelle qu’il a juste fait un jeu de mots en réponse à Rachel qui l’a traité de « déchet ». Du coup, il semble que qualifier de déchet ses adversaires politiques soit permis. C’est quand même une sacrée avancée de la liberté d’expression, pourtant quasi interdite en France macronisée.
Les deux images suivantes illustrent la fougue du commissaire Nulleau, qui défend de toute son âme (vendue à Hanouna) la liberté d’expression (du camp du bien). La démocratie s’ennoblit d’avoir de tels défenseurs.