Zemmour, Dieudonné, Poutine, Daesh, le Front National… Raphaël Glucksmann ne fait pas dans le détail. Invité jeudi par le site Boursorama, il a proposé à David Jacquot, présentateur de l’émission Désintoxez-moi ! (sic), un bel exercice de vulgarisation de la « pensée » néoconservatrice.
Venu promouvoir le choc des civilisations en même temps que son livre, Génération gueule de bois, Raphaël Glucksmann a avoué au chroniqueur être inquiet de la « réaction identitaire » française, qu’il assimile à une potentielle résurgence fasciste. L’occasion pour lui de faire l’éloge des social-démocraties libérales, du cosmopolitisme, du mondialisme et du métissage, bref des forces du Bien, qu’il oppose aux forces de l’intégrisme : nation, religion, tradition, enracinement. Selon lui, le fondamentalisme islamique, en servant l’idéologie réactionnaire, serait ainsi récupéré par une extrême droite française allant du FN à Dieudonné en passant par Zemmour. « Ils s’autoalimentent », explique-t-il sans rire. Étonnamment, Laurent Fabius ne fait pas partie de la liste, lui qui vantait en décembre 2012 le « bon boulot sur le terrain » des djihadistes du Front al-Nosra en Syrie...
Fort d’un dualisme subtil, Glucksmann oppose sereinement le camp des Lumières aux ténèbres fascistes, le progressisme universel à la « réaction », l’Europe démocratique et cosmopolite à la guerre et au chaos. Et l’essayiste de s’interroger sur le basculement « dans une société qui est aujourd’hui obsédée par sa quête d’identité » et qu’il juge dangereux pour la démocratie. L’idée de voir resurgir des revendications identitaires semble donc susciter l’effroi de l’essayiste lorsqu’elles émergent du peuple de France, sans pour autant l’inquiéter quand elles sont portées haut et fort par les représentants de la LICRA et du CRIF.
Une analyse fourre-tout qui a pour objectif d’amalgamer les résistants authentiques (Dieudonné) aux agents de l’Empire (État islamique) afin de criminaliser la résistance. Et de fournir ainsi au passage un boulevard idéologique à la loi sur le Renseignement, que Glucksmann fait par ailleurs, en bon démocrate, semblant de critiquer.
Dans les traces de son père André Glucksmann, ancien maoïste devenu atlantiste qui avait embrassé la cause tchétchène, Raphaël Glucksmann, lui aussi membre du Cercle de l’Oratoire (think tank néoconservateur de promotion de l’atlantisme), a jeté son dévolu sur la Géorgie, puis sur l’Ukraine au moment du coup d’État atlantiste de 2004, plus connu sous le nom de « révolution orange ». Il est devenu conseiller occulte de l’oligarque occidentaliste et ancien président géorgien Mikhaïl Saakachvili, lui-même conseiller du « très démocratiquement » élu gouvernement de Kiev. On se souvient d’ailleurs des symboles nazis arborés il y a quelques mois par les hommes en noir de l’également « très démocratique » bataillon Azov au service de l’axe du Bien, dont Raphaël Glucksmann s’est fait l’un des représentants officiels.