L’annonce de sa candidature à la présidentielle iranienne est accueillie favorablement par les grands journaux réformateurs.
Figure historique de la politique iranienne, l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, qui s’est présenté samedi dernier à la présidentielle de juin, vivait depuis quelques années en retrait après ses critiques sur la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad en 2009.
Ce conservateur pragmatique, âgé de 78 ans, célèbre pour sa barbe éparse et son calme, se présente pour la deuxième fois depuis qu’il a été président de 1989 à 1997. Il avait été battu en 2005 par M. Ahmadinejad.
L’annonce de sa candidature a été accueillie favorablement par les grands journaux réformateurs du pays. Etemad, Arman, Shargh, Aftab et Bahar ont présenté l’ancien président de la République comme le « sauveur », estimant que « le retour de Hachémi » marque « un début extraordinaire » de la course à la présidentielle.
« L’inscription de M. Rafsandjani est un événement historique. Le pays est confronté à une situation particulière. Il y a d’abord la question économique et la vie quotidienne des gens. Ensuite, la question nucléaire et les restrictions imposées par l’Occident doivent aboutir à un résultat clair pour éviter un renforcement des sanctions », écrit Ahmad Khoram, ex-ministre réformateur des Transports dans Shargh.
M. Rafsandjani qui a obtenu samedi soir le soutien du Conseil consultatif des réformateurs, bénéficie aussi selon M. Khoram du soutien d’une grande partie des conservateurs « inquiets pour l’avenir du pays ».
Une partie de la presse iranienne s’attend à un duel entre Akbar Hachémi Rafsandjani et le favori du camp gouvernemental Esfandiar Rahim Mashaïe pour la présidentielle de juin.
Les journaux gouvernementaux se rangent en effet derrière Mashaïe, proche collaborateur de Mahmoud Ahmadinejad, qui a promis de « poursuivre le chemin » emprunté par le président sortant. Le quotidien Khorshid (Soleil) publie une grande photo des deux hommes accompagnée du titre « Vive le printemps », appelé à devenir leur slogan de campagne.
Les positions de M. Rafsandjani et son soutien discret au candidat réformateur malheureux de 2009, Mir Hossein Moussavi, devenu l’une des figures de l’opposition, ont fait de l’ancien président l’une des bêtes noires de l’aile dure du régime.
En 2011, il avait perdu la présidence de l’Assemblée des experts, un organisme habilité à désigner, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei. Sa fille, Faezeh, et son fils, Mehdi, ont même passé plusieurs mois en prison pour « action contre la sécurité nationale ».
Critiqué indirectement par l’ayatollah Khamenei, et en butte à des attaques de plus en plus violentes des ultraconservateurs, M. Rafsandjani avait ensuite adopté un profil bas même s’il reste président du Conseil de discernement, la plus haute autorité d’arbitrage politique.
Né le 25 août 1934 à Nough (sud) dans une famille aisée, Rafsandjani est étudiant en théologie lorsqu’il se lance en politique en 1963 après l’arrestation par la police du Chah de l’ayatollah Rouhollah Khomeiny, futur fondateur de la République islamique. Portant le turban blanc du clergé chiite, il devient un fidèle de l’ayatollah Khomeiny. Président du Parlement puis chef des armées à la fin de la guerre contre l’Irak (1980-1988), il accède à la présidence du pays en 1989.
Ses deux mandats ont été marqués par la reconstruction de l’Iran, un rapprochement avec l’Occident et une certaine ouverture politique et culturelle. Mais il est accusé de népotisme par ses adversaires, ce qu’il a toujours démenti.
En 1997, il a joué un rôle important dans l’élection de son successeur, le réformateur Mohammad Khatami qui s’est dit partisan d’une candidature de M. Rafsandjani. Il espère aujourd’hui profiter de la crise économique et de l’isolement du pays pour mobilier autour de son nom les électeurs modérés et réformateurs.