Comment diriger un groupe public d’informations aussi puissant que Radio France en toute impartialité quand l’actualité concerne Israël, quand le donneur d’ordres final (le président de la République) est un copain de promotion à l’ENA et accessoirement « l’autorité de nomination » qui prend et fait et cause pour l’un des belligérants, et quand on est la nièce par alliance du nouveau président de la Fondation pour la mémoire de la Shoah ?
Eh bien, en écrivant à tous les salariés, journalistes compris, pour leur demander de se censurer à titre privé, au nom de la liberté de la presse, bien entendu. Nous publions ici le mail que Sibyle Veil, patronne de Radio-France, a écrit à ses subordonnés le 6 novembre pour leur demander de ne pas la ramener sur le génocide palestinien désormais ouvertement évoqué par la Cour internationale de justice.
Je vous écris aujourd’hui pour vous dire que cette exigence de responsabilité, de rigueur et de modération ne peut pas s’arrêter aux portes de nos rédactions, au risque de porter atteinte à tout le travail qui est fait. Elle s’impose à chaque salarié de Radio France, y compris aux humoristes. Ce n’est pas entraver la liberté d’expression et le droit à la caricature – auxquels nous sommes très attachés – que d’appeler au discernement. L’humour est aussi prérilleux que nécessaires dans les périodes difficiles, il peut agir comme une soupage pour évacuer la pression. Mais il n’a pas vocation à ajouter de la division à la division. Nul ne peut ignorer les tensions et les violences avérées dans notre pays ; nul ne peut fermer les yeux sur la recrudescence ces dernières jours des actes antisémites et racistes.
Je l’ai déjà dit il y a deux ans dans une tribune où je défendais la liberté d’expression dans une période de fortes critiques : la liberté est notre ligne ; la pluralité est notre méthode ; l’humilité est notre devoir. Autrement dit, la liberté n’est pas sans contreparties : elle s’accompagne forcément de la responsabilité, du choix des limites et de la capacité à reconnaitre en toute humilité une erreur d’appréciation. Cela n’affaiblit pas la liberté sur le service public, cela permet au contraire de la défendre et de la protéger dans la durée. Car l’époque est ainsi faite qu’une phrase malheureuse viralisée peut ternir le travail de toute une chaîne, de tout un service public, et donner des arguments à ceux qui s’opposent à la liberté d’expression et aux valeurs du service public. (…)
Chacun doit être solidaire de l’intérêt général, doit exercer son métier dans le respect de nos valeurs, sans porter préjudice au service public et à sa vocation universelle. Quand ce n’est pas le cas, des sanctions sont légitimes et sont prises. L’ensemble des obligations déontologiques auxquelles chacun est tenu, en vertu du règlement intérieur ou de son contrat de travail, sera rappelé dans les prochains jours. (Sibyle Veil)
Sibyle Veil, née à Langres, en Haute-Marne, diplômée de Sciences Po Paris, ancienne élève de l’ENA, dont elle est sortie conseillère d’État, dans la même promotion que l’inspecteur des Finances Emmanuel Macron, est née Petitjean et a épousé l’un des petits-fils de Simone Veil, Sébastien, lui-même camarade de promotion à l’ENA, et camarade d’Emmanuel Macron au lycée Henri-IV. Décidément, le monde est petit, et la Macronie ressemble à un entre-soi très huppé.
Au titre de cette union, Sibyle Veil est devenue la nièce de Pierre-François Veil, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, association reconnue d’utilité publique, donc bénéficiant d’avantages fiscaux qui servent notamment à financer Conspiracy Watch, l’organe de flicage en mode régime de Vichy qui fiche tous les opposants à la Macronie et salit leur réputation à l’ombre d’un pouvoir qui rappelle sur ce point les heures les plus sombres de notre histoire.
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