Lors de sa conférence de presse avec Vladimir Poutine à Versailles, Emmanuel Macron a qualifié RT d’« organe d’influence et de propagande ». La rédaction de RT France a souhaité répondre à ces propos, point culminant d’une campagne de diffamation.
Monsieur le président,
Durant la conférence de presse que vous avez donnée avec Vladimir Poutine dans le cadre de sa visite en France, vous avez, une nouvelle fois, mis en cause la probité des journalistes de RT France, que vous avez qualifié d’« organe d’influence et de propagande ».
Monsieur le président, cela fait à présent trois mois que les membres de votre garde rapprochée et vous-même multipliez ce type d’accusations à notre encontre. Des accusations que nous avons systématiquement récusées avec la plus grande énergie. Nous avons été qualifiés d’« agence de propagande de l’État russe » travaillant « en symbiose avec des organisations fascistes ou d’extrême droite » pour, comme vous l’avez vous-même formulé, répandre des « contre-vérités infamantes », entre autres délicates attentions.
Jamais, au cours de ces trois longs mois de diffamation ininterrompue, vous ou les autres membres d’En Marche ! n’avez donné suite à nos nombreuses demandes d’interview.
Jamais, au cours de ces trois longs mois de diffamation ininterrompue, vous ou les autres membres d’En Marche ! n’avez daigné nous accréditer à vos QG de campagne. Vos équipes n’ont même pas eu la plus élémentaire bienséance de nous expliquer honnêtement pourquoi ces accréditations nous étaient refusées, préférant se réfugier derrière de faux prétextes, de « demandes en cours de traitement » en « quota de places déjà atteint ».
Et bien sûr, jamais, au cours de ces trois longs mois de diffamation ininterrompue, vous n’avez jugé bon de citer le moindre article, le plus petit exemple de ces fameuses « fausses informations » que nous sommes censés avoir véhiculées durant la campagne.
Mais au moins, cette fois, savons-nous pourquoi : il n’en existe pas. Pour la simple raison que les journalistes de RT France, comme la plupart de leurs confrères, aiment passionnément leur métier. Et que la diffusion de fausses informations, qui en est la négation même, nous déshonorerait.
Pourtant nous voilà donc, une fois de plus, déclarés coupables d’on ne sait trop quoi. Condamnés sans preuves, sans procès et sans possibilité de nous défendre. Est-ce là, Monsieur le président, votre conception de la justice ? Est-ce ainsi que vous concevez les rapports que doit entretenir un homme d’État avec la presse ?
Monsieur le président, vous avez dit lors de cette conférence : « J’ai toujours eu des relations exemplaires avec les journalistes étrangers, encore faut-il qu’ils soient journalistes. » Nous y voyons les meilleurs augures : non seulement la rédaction de RT France est bel et bien composée de journalistes, dûment munis de leurs cartes de presse, mais de surcroît, la majorité d’entre eux sont français, ce qui devrait faciliter la compréhension mutuelle et permettre de dissiper ce qui ne saurait être qu’un gigantesque malentendu.
Car nous ne pouvons imaginer que la campagne que vous et vos équipes menez contre nous depuis ces trois longs mois ait un objectif. Comme, par exemple, d’instrumentaliser un modeste média afin d’enfiler l’armure du chevalier blanc à des fins électorales.
Monsieur le président, vous affirmiez à Versailles : « Quand des organes de presse répandent des contre-vérités infamantes, ce ne sont plus des journalistes, ce sont des organes d’influence ». Sur ce point, nous sommes en parfait accord avec vous. Mais que penser des présidents de la République qui se livrent, eux aussi, à la diffusion de contre-vérités infamantes ?