Vendredi, le ministre britannique du Travail, Iain Duncan Smith, a présenté sa démission. A trois mois du referendum sur le Brexit, l’annonce a fait l’effet d’une bombe au sein du gouvernement de David Cameron, qui lui a aussitôt désigné un successeur, en la personne de Stephen Crabb, jusque-là ministre pour le pays de Galles. Une réaction rapide censée masquer le malaise qui se fait jour, de plus en plus, au sein du gouvernement de Sa Gracieuse majesté.
Iain Duncan Smith, qui détenait le portefeuille du Travail et des Retraites depuis l’arrivée au pouvoir de David Cameron en 2010, a démissionné officiellement pour marquer son opposition à la politique de coupes budgétaires affectant les prestations d’invalidité, présentée mercredi dans le cadre du budget.
Derrière cette raison officielle, apparaît, avec une clarté manifeste, le fait que Iain Duncan Smith, ancien leader du parti conservateur entre 2001 et 2003, est l’une des principales figures politiques au Royaume-Uni à plaider pour une sortie de son pays de l’Union européenne lors du referendum du 23 juin prochain.
Le Financial Times a aussitôt souligné, parmi bien d’autres médias, que cette démission était une énorme claque pour David Cameron et George Osborne, le chancelier de l’Échiquier, qui défendent tous deux un maintien du Royaume-Uni dans le bloc des Vingt-huit.
Le Premier ministre David Cameron a vivement réagi en se disant perplexe et déçu face à cette démission d’Iain Duncan Smith.
Ce dernier a cependant tenu à défendre la raison officielle de sa démission, en critiquant vivement dimanche la politique d’austérité de David Cameron, et en soulignant que les coupes budgétaires se concentraient trop sur les allocations destinées aux plus pauvres, tandis que d’autres, comme les retraités, étaient protégés.
« Je démissionne parce que je veux que mon gouvernement réfléchisse de nouveau à ce sujet, et revienne à cette idée d’être un gouvernement pour l’ensemble de la nation. Il ne s’agit pas d’une tentative détournée d’attaque du Premier ministre ni de l’Europe. Cela n’a rien avoir avec tout cela », a clairement affirmé Iain Duncan Smith.
Mais, pour un grand nombre d’observateurs, cette explication n’en est pas une, le point d’achoppement réel demeurant la question du Brexit, qui divise manifestement le gouvernement à moins de cent jours du scrutin organisé par David Cameron. A tel point que le député libéral-démocrate David Laws a cru pouvoir parler de guerre civile au sein du gouvernement.