Pour 2012, le doublement de l’indice Baltic Dry Index, l’indice du transport maritime en vrac, avait été l’un des « cygnes noirs », ces phénomènes hautement imprévisibles mais ayant un impact majeur, prédits par Saxo Bank.
Mais pour l’instant, cet indice ne semble pas sur une trajectoire haussière, loin s’en faut. Le Wall Street Journal compare même sa flottabilité à celle du Titanic, puisqu’il n’a fait que couler depuis un mois et demi, et désormais, il n’est plus qu’à 5,9% de son point le plus bas de décembre 2008, au plus fort de la crise financière, et 94% en dessous de son plus haut historique, en mai 2008.
Que faut-il en conclure ? Cet indice décrit l’évolution du prix des expéditions par vraquier qui concernent essentiellement les matières premières (charbon, minerais, céréales), et l’on peut penser que son effondrement est lié à une baisse de la demande, nouveau signe d’une récession mondiale. Cependant, le Wall Street Journal rappelle qu’avant la crise de 2008, alors que cet indice était au plus haut, les chantiers navals avaient reçu beaucoup de commandes et que compte tenu du retournement de la conjoncture, les capacités dépassent actuellement la demande, ce qui expliquerait le plongeon de l’indice.
Et cela ne devrait pas s’arranger, puisque l’on s’attend à l’augmentation de 22,7% de la flotte actuelle, compte tenu des livraisons qui vont être réalisées par les chantiers navals cette année, selon les calculs de Macquarie. En outre, le cours du fret pour les navires « Capesize » (les plus gros navires, au-delà de 80.000 tonnes de cargaison) a déjà chuté de 76% depuis le début de l’année.
Le blog financier Zero Hedge ne partage cependant pas cette analyse ; il ne voit aucune augmentation en masse de la flotte de cargos sur les derniers mois, et infirme l’hypothèse d’un lien entre le naufrage de l’indice Baltic Dry Index, et du nombre de navires opérationnels.
En revanche, il pointe l’augmentation continue du prix des matières premières, couplée à une chute de leur demande, ce qu’il explique comme un signe de dévaluation monétaire. Sa conclusion, c’est qu’il se pourrait bien que « le monstre de la stagflation (inflation combinée à une stagnation économique) ait été ramené à la vie par la sombre alchimie de la création de dette criminelle et des dépenses de relance financées par de l’impression de monnaie débridées. »