J’étais hier dans un café à Bruxelles lorsque j’ai pris une copie du Monde. Dans une section intitulée « Les laboratoires du futur », le quotidien français avait une pleine page d’un article sur l’institut israélien de technologie de Haïfa, plus connu comme Technion.
Décrite par le titreur du journal comme un « Éden high-tech », l’université était couverte de louanges pour ses travaux innovants sur le traitement de la maladie de Parkinson et sur l’envoi de microsatellites dans l’espace.
Peretz Lavie, président de l’université, était cité expliquant que le Technion était un modèle de coexistence entre les étudiants Israéliens et Palestiniens et qu’il y aurait la paix au Moyen-Orient si tout le monde suivait l’exemple du Technion. En fait, le seul signe que les problèmes de la région peuvent avoir prise sur le campus était un paragraphe sur l’obligation pour les étudiants d’abandonner leurs livres pour mener les guerres d’Israël (comme l’attaque sur le Liban en 2006).
Il semble clair que Laurent Zecchini, l’auteur de ce papier, soit s’est seulement basé pour l’information sur les autorités universitaires, soit s’est désintéressé de creuser ses liens avec l’armée. Parce qu’avec un minimum de recherche sur Internet, il aurait facilement trouvé une étude détaillée du Technion par Tadamon !, une association canadienne de soutien à la Palestine.
Harmonie à Haïfa ?
Cette étude s’adresse aux radotages officiels du Technion. Loin d’être un lieu d’harmonie, les étudiants palestiniens de l’université d’Haïfa ont été traités d’une manière ouvertement raciste. L’an dernier, 10 de ses étudiants ont été arrêtés quand ils ont organisé une protestation contre le meurtre par Israël de neuf militants de la flottille de la liberté pour Gaza.
Pourtant il n’eut aucune arrestation d’étudiants sionistes qui organisèrent une grande contre-manifestation, laquelle contrairement à la palestinienne, n’était pas autorisée par la police.
De plus, le Technion a un passé de coopération étroite avec les compagnies société d’armement israéliennes Rafael et Elbit, qui toutes les deux ont fourni des armes utilisées dans l’offensive contre Gaza en 2008 et 2009. Le Technion a même joint ses forces avec Rafael pour monter un cours de gestion des affaires spécifiquement destinés aux dirigeants de cette compagnie.
Si Zecchini avait eu le goût de faire un peu plus de recherches, il aurait pu aussi contacter l’Alternative Information Center, un groupe de campagne opérant à Jérusalem et en Cisjordanie. Il a attiré l’attention sur certaines inventions du Technion, dont un bulldozer télécommandé pour aider l’armée israélienne à démolir les maisons palestiniennes.
Au passage, le Technion prend part à de nombreuses activités scientifiques de recherche financées par l’UE. Et ces activités ont bénéficié de l’attention non critique des médias dernièrement.
Hypnotisé par le meurtre
Le mois dernier, chez moi à Dublin, j’ai vu un article de The Irish Times célébrant les gigantesques 7 milliards d’euros que l’UE attribuera à la recherche en 2012. Comme l’auteur de l’article, Conor O’Carroll de l’Irish Universities Association, n’indiquait pas qu’Israël (avec son industrie d’armement) sera parmi les bénéficiaires de cette largesse, j’ai contacté les éditeurs du journal en demandant si je pouvais écrire une tribune libre rectifiant cette omission. Pas de chance m’a-t-on dit ; l’actualité est bien trop chargée en ce moment.
Pourtant, The Irish Times a pu trouver de la place il n’y a pas si longtemps pour promouvoir les triomphes scientifiques d’Israël. En mai, il a placé un article facile sur « la plus grande densité de start-up du monde » en Israël et comment il a su mettre ses « guerres intermittentes »à son profit.
« Les unités de l’armée agissent souvent comme des incubateurs pour les start-up technologiques » a écrit le journaliste Ian Campbell. Hypnotisé par cette histoire à succès, Campbell a oublié d’indiquer comment les produits de cette culture d’entreprise aboutissent à des outils d’oppression.
Tant Le Monde que The Irish Times sont considérés comme des journaux de référence dans leurs pays respectifs. Ceci mesure à quel point ils sont soumis à la propagande israélienne, qu’ils sont contents de présenter les canards sionistes comme des faits indiscutables.
Leur lecture me rappelle souvent mon commentaire favori venant de George Orwell : « Le langage politique est conçu pour que les mensonges paraissent vrais et le meurtre respectable et pour donner au vent un air de solidité. »
David Cronin