Au moment des élections en Autriche, de nombreux commentateurs ont fustigé le « populisme » du candidat du FPÖ. Retour sur une notion souvent abordée de façon paresseuse, estime Vincent Coussedière.
Les élections autrichiennes ont ouvert le bal des « éléments de langage » anti-populistes. Cet emballement médiatico-politique se poursuivra avec le référendum anglais, l’élection américaine, les présidentielles françaises. Il ne s’agit pas ici de nier l’importance et la gravité de ces phénomènes, mais de déconstruire une novlangue qui ne permettra absolument pas de comprendre ce qu’ils révèlent de l’état des peuples européens et américains. En réalité, le discours sur le « populisme » fonctionne comme une idéologie paresseuse, par laquelle les élites politiques et intellectuelles cherchent à éviter le défi qui leur est posé : reconstruire une véritable offre politique. Les exemples pris ci-dessous de cette novlangue ne sont bien sûr pas exhaustifs...
« La montée du populisme »
Cette expression, promise à un grand avenir dans l’année qui vient, est faite pour donner des frissons et un peu de culpabilité supplémentaire aux peuples européens. C’est bien connu, la montée du populisme est la réédition de la montée du fascisme dans les années trente, devant laquelle nous alertent nos gardiens du devoir de mémoire. Cerise sur le gâteau, on a confectionné une expression plus parlante encore : le « national-populisme », au cas où l’électeur n’aurait pas complètement pris la mesure, malgré le matraquage idéologique régnant, de l’époque « nauséabonde » que nous vivons. C’est beau et simple comme un manuel d’histoire pour lycéens ! Et lorsque ce n’est pas avec la montée du fascisme, c’est avec la montée du communisme qu’on compare le populisme, ce nouveau spectre qui hanterait l’Europe. Malheureusement on n’a toujours pas établi les connexions idéologiques et pratiques de cette internationale populiste... On observe bien plutôt la tentative de construire une offre politique reposant souvent sur un bricolage idéologique et sur des histoires politiques et nationales spécifiques. Quant aux alliances entre partis, elles sont besogneuses et loin d’aboutir. Si montée du populisme il y a, ce n’est pas celle d’une idéologie concertée et structurée comme au temps du fascisme et du communisme. C’est celle d’une demande politique des peuples européens confrontés à des défis communs qui ne sont pas pris en charge par les soi-disant partis de gouvernements.
« Populisme, nationalisme, extrême droite »
L’hésitation des commentateurs sur la nature du populisme leur fait choisir souvent d’autres expressions : « repli nationaliste » et « extrême droite » sont les plus fréquemment employées. L’ennui est que ces expressions ne sont pas plus précises et pas moins dénuées d’ambiguïtés que celle de « populisme ». Il y a « des » nationalismes. Celui de De Gaulle et de Péguy n’étant pas celui de Barrès, celui de Barrès n’étant pas celui de Maurras, etc. Il y a un nationalisme identitaire et un nationalisme civique dont le nationalisme républicain tente la synthèse...
Enfin, le nationalisme n’est pas forcément un « repli » mais peut être au contraire agressif et impérial dans sa volonté d’extension (Hitler), comme il peut être pacifique et universaliste dans sa générosité et dans sa reconnaissance des autres nations (De Gaulle). Quant à l’ « extrême droite », de quel extrémisme parle-t-on et de quelle droite ? L’extrémisme suppose une visée révolutionnaire ou l’usage de la violence, ce qui ne s’observe pas pour nombre de mouvements populistes européens, la « droite » quant à elle peut être pensée sur un plan économique (ultra-libéralisme) ou institutionnel (nostalgie monarchique) ou moral (mœurs) ?
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Revoir les explications d’Alain Soral sur le national-socialisme français (30 mars 2014) :