Il est 9h55 du matin ce jeudi 12 janvier 2017, nous sommes sur France 2, la chaîne amiral de service public, dans l’émission C’est au programme. Le matin, c’est l’heure des femmes au foyer, alors la plupart des programmes leur sont dédiés.
Animée par Sophie Davant, qui essaye avec un relooking visage-cheveux de sauver son poste menacé, l’émission révèle qu’il y a aussi des femmes francs-maçonnes, appelées « Sœurs » par les « Frères ». C’est à David Galley, le spécialiste de l’inexpliqué, que revient l’honneur de faire la promotion de la franc-maçonnerie en balayant les fantasmes populaires.
Les explications du chroniqueur destinées à rassurer le public, qui a une image d’Épinal de la maçonnerie (secret, influence, réseaux, pouvoir, magouilles) :
« La franc-maçonnerie aujourd’hui c’est une sorte de société secrète, ce qui n’est pas du tout le cas ; ce serait un réseau d’influence important qui ferait pression sur les politiques etc., ça c’est peut-être un tout petit peu le cas, et puis les francs-maçons détiendraient des secrets absolument fantastiques liés aux Égyptiens, aux Templiers, au Temple de Salomon, aux Atlantes, enfin tout ce qu’on veut, là on est plutôt dans le romanesque. »
David Galley poursuit sa petite démonstration, sans se rendre compte qu’il bascule dans le romanesque le plus pur :
« La réalité elle est justement beaucoup moins romanesque, parce que c’est un ordre initiatique. L’idée c’est qu’il y a une philosophie de base chez les francs-maçons, c’est plutôt une sorte d’apprentissage, ils vont prendre par exemple avec beaucoup de symboles, il y a énormément de symbolique dans la franc-maçonnerie, le symbole par exemple de la pierre, vous verrez dans un temple par exemple maçonnique il y a une pierre brute et puis il y a une pierre qui est travaillée (il fait le signe de la pyramide) pour arriver d’un point A à un point B eh bien il faut toute une initiation qui est philosophique et qui est aussi très symbolique. »
Parce que là on n’est pas dans le romanesque ?
- Les explications romanesques de David Galley sur la franc-maçonnerie
Pour dire les choses comme elles sont, la franc-maçonnerie est un corps de plus en plus secret au fur et à mesure qu’on en grimpe la pyramide. Et si la base ne porte pas à conséquences – les Frères passant leur temps libre à bouffer, picoler et faire leurs inoffensifs devoirs scolaires – les derniers « degrés » ne sont plus dans le romanesque ou la philosophie : on y entretient une structure de contre-pouvoir ou de pouvoir, avec une influence certaine sur les choix politiques du pays. Un bon tiers des ministres socialistes appartenant par exemple à des loges diverses, un secret de polichinelle.
Ce qui pose problème, ce sont ces cabinets noirs, d’où sortent un nombre invraisemblable d’affaires et de magouilles (normal, s’y mélangent de manière très intéressée les décideurs de l’économie, de la justice, de la police, de la politique et des médias !), dans le dos de la République, qui théoriquement ne tolère aucune communauté entre le peuple et ses représentants. Ces corps intermédiaires secrets – parce qu’ils sont honteux et illégaux – se retrouvent à capter une partie de la décision du pays, au nez et à la barbe des électeurs. C’est une confiscation de pouvoir, un déni de démocratie. C’est bien pour cela qu’ils ont en permanence le mot « démocratie » à la bouche… Une petite inversion bien dans la ligne de leurs Maîtres, grands ou petits.
Le sujet sur les femmes sans les précautions oratoires du chroniqueur David Galley :