Riposte Laïque : Une directrice d’école, en Zep dans la région de Marseille, qui s’affiche ouvertement Front national, n’a-t-elle aucun problème, ni avec sa hiérarchie, ni avec quelques parents d’élèves, ni avec ses collègues, ni avec quelques élèves ?
Valérie Laupies : Je demeure à Tarascon, une commune de 14 000 habitants. Tarascon n’est pas une grande ville, il est plus aisé de s’y impliquer en étant reconnue que dans une métropole comme Marseille. J’avais toutefois peur de me révéler « Front national » en 2010 lorsque Jean-Marie Le Pen m’a demandé de figurer sur la liste des candidats aux élections régionales. J’ai vraiment hésité car même JMLP m’avait écrit : « je pourrai comprendre que vous refusiez vu vos fonctions ». Et bien je me suis lancée et je ne regrette pas du tout.
Ce qui me donne la force et la sérénité, c’est que je suis fière de défendrela Franceet les Français. Je continue donc ma vie comme avant et je suis heureuse de pouvoir exprimer l’amour de mon pays à travers ma mission politique et à travers mon métier.
Dans mon travail de directrice d’école et d’enseignante, je me sens finalement plus assurée maintenant qu’avant mon engagement politique. J’ai dû pourtant me défendre ardemment de ma hiérarchie l’année dernière car mon adversaire politique local avait tenté de me discréditer auprès d’elle. Cet épisode a été très éprouvant ; j’en suis sortie victorieuse grâce à des parents d’élèves courageux, reconnaissant la qualité de mon travail, qui m’ont soutenue. En effet, je suis passionnée par mon métier. C’est par conséquent l’intérêt de mon établissement et des enfants que je défends lorsque je suis à l’école ; je n’y fais jamais de politique, cela ne me vient pas à l’esprit. Mes collègues, bien que timorées au départ par le fait qu’elles pourraient être amalgamées à mon étiquette politique, se sont détendues au fur et à mesure du temps appréciant que je ne leur parle jamais de mon engagement. Bien sûr, quelques parents d’élèves maghrébins ont « causé dans mon dos » ou ont refusé pendant quelques temps de me saluer, mais c’est la vie sereine de l’école qui a pris le dessus. Leurs enfants sont heureux et travaillent parce que j’ai la foi dans l’institution scolaire ; je les élève dans l’amour du travail, du mérite, de l’effort et ils me le rendent bien, même si c’est épuisant de marcher à contre-courant de la pédagogie moderne.
Riposte Laïque : Tu es issue d’une famille de gauche militante, tu es passée par Attac. Quel a été l’événement déclencheur pour que tu adhères au Front national ? Ce choix a-t-il eu des conséquences dans ton environnement amical ou familial ?
Valérie Laupies : J’ai été conditionnée par la gauche jusqu’à l’âge de 40 ans et puis le discours de Jean-Pierre Chevènement sur l’Education, le sens de la responsabilité et la souveraineté nationale, m’a séduite. En effet, mes conditions de vie à Tarascon m’empêchaient de continuer consciemment d’adhérer aux idées de gauche angéliques, moralisatrices. Mon mari a été mis au chômage par des patrons communistes totalement irrespectueux de la valeur humaine, j’ai dû scolariser ma fille en ZEP n’ayant pas le choix et je sais qu’elle a souffert de se retrouver dans la minorité ethnique. De plus, je travaillais dans une école très difficile où je m’épuisais et je désespérais, tellement les insultes et les bagarres envahissaient le quotidien ; n’étant pas directrice à l’époque, je subissais davantage qu’aujourd’hui cette situation. J’ai même été ostracisée dans cet établissement, par de jeunes collègues, car mon mari avait dénoncé le spectacle de fin d’année chanté en arabe.
Par conséquent, c’est bien la réalité qui a eu gain de cause sur mes concepts gauchisants et au final, c’est Alain Soral qui m’a mise sur la voie en 2007 en me suggérant de voter Front national. En effet, à cette époque je lui avais confié que j’étais déçue du MRC de Jean-Pierre Chevènement.
Comme je ne me satisfais pas d’être électrice mais que j’ai besoin de m’engager, les conséquences sur mes relations familiales et amicales ont été assez violentes. En effet, les gauchistes ne sont ni tolérants ni démocrates (je le sais, je l’ai été !), aussi j’ai dû prendre beaucoup de distance avec ma famille. Des amis se sont écartés de moi, pensant sans doute qu’on les considèrerait comme des « fachos » s’ils continuaient à me fréquenter. J’avoue que ces expériences-là m’ont affectée mais elles m’ont aussi permise de reconnaître que « tout ce qui ne tue pas, renforce ». J’ai appris à agir et « être » en mon âme et conscience et non pas à me laisser enfermer par le regard des autres ; qu’est-ce que c’est libérateur !