Les économistes utilisent comme mesure de la croissance le PIB. Cet indicateur prend en compte les flux monétaires c’est-à-dire tous les échanges marchands.
L’inconvénient d’un tel système pour mesurer la richesse réside dans le fait qu’il suffise que le marché englobe une pratique rémunératrice pour qu’elle soit dite bonne pour le bien-être de la société. Ainsi, la tertiarisation de l’économie repose sur un flux monétaire entre deux personnes, un service marchand qui était auparavant non marchand.
Par exemple, l’aide aux personnes âgées et la construction de maisons de retraites sont une conséquence de la fissure du lien social, en particulier ici de la famille. Les enfants ne voulant plus s’occuper de leurs parents préfèrent opérer un transfert monétaire pour une tierce personne. Ceci n’est en rien une croissance car il n’y a pas de surplus de production. C’est un jeu à somme nulle. Pourtant, cela augmente le PIB car il comptabilise la somme des flux monétaires des biens finis et un service marchand est considéré comme tel.
La volonté sous-jacente de ce genre d’outils permet au final de façonner l’idée d’un monde exclusivement marchand où le simple fait d’acheter pour revendre n’importe quel bien ou entité vivante est la valeur par excellence qui permet un épanouissement collectif. Point de charité évidemment. Par l’intermédiaire de la ploutocratie actuelle, l’ordre juridique est au service de l’ordre marchand et il réclame sans cesse plus de libertés. Il veut vouloir la légalité de la location d’utérus, évidemment pour le bien-être de la collectivité car cela est un service marchand qui fera augmenter le PIB.
Au final, la liberté au sens de l’ordre marchand est la possibilité de tout vendre, la morale étant un obstacle, il faut l’abolir. L’égalité est la possibilité pour tous quelle que soit notre nature d’obtenir tous ces droits. La fraternité étant la lutte et la solidarité à parvenir tous ensemble à ces hauts degrés de consommation. Le droit à la consommation étant le droit suprême. Les compagnies d’assurance prendront une part de plus en plus significative grâce à l’idéologie de la peur qui fait craindre l’homme face aux probabilités même si ces dernières sont le fruit de son vendeur et d’une conjuration face au réel.
Les hommes détesteront de plus en plus le risque, incapable de déranger le pouvoir en place et d’avoir une conscience politique, ils accepteront le consensus qui est de consommer, seule chose qu’il leur restera.
La croissance est un outil quantitatif matériel et non qualitatif et immatériel. Il peut être très destructeur pour une société lorsqu’il aborde la notion de service. Il peut chercher à cacher la désindustrialisation qui est une forte diminution de la production matérielle nationale par une tertiarisation à outrance qui est en fait l’illustration d’une subversion des liens fraternels.
La productivité et l’innovation permettent un confort matériel supplémentaire, ces seules choses sont mesurables. Les progrès de la conscience sont plus subtils et demandent davantage de recul et de prudence.