Devant plus de 200 personnes, Philippe Val a fait la preuve de sa foi en un journalisme sérieux, documenté qui ne devait pas être influencé par des convictions personnelles.
Un rappel historique lui a permis de rappeler que les lois sur la presse de 1881 avaient été décisives pour la démocratie française car elles ont permis de dire la réalité au citoyen, sans avoir nécessairement l’aval des dirigeants, comme c’était le cas précédemment. Il en déduit que la naissance de la presse moderne est concomitante à la naissance de la démocratie française.
La crise que traverse le journalisme est due à plusieurs facteurs.
On peut relever l’intérêt des jeunes journalistes pour l’idéologie de Bourdieu selon laquelle les dominants ont toujours tort et les dominés toujours raison. Un journaliste ne doit absolument penser ainsi car le journalisme ne devrait pas être une affaire de bien ou de mal ni de morale.
Il faut savoir ne pas se laisser influencer par ses propres convictions pour rendre compte du réel et bien faire son travail de journaliste.
Il faut accepter que la réalité soit contraire à une opinion personnelle. Le lynchage médiatique subi par les hommes politiques est inacceptable de la part d’une profession qui doit informer le public. Les journalistes pensent être du côté du bien, mais le bien n’est pas forcément la morale.
La crise est également due au fait qu’en raison d’une baisse constante des lecteurs, les journalistes font la course au scoop. Il faut être le plus rapide mais le contenu déçoit donc les ventes chutent.
Il en est de même à la télévision. Certaines émissions qui cherchent à faire du buzz pour faire de l’audience (On n’est pas couché avec Aymeric Caron ou Tout le Monde en parle).
Pour Philippe Val :
« Le fait que le prix Pulitzer ait été attribué aux journalises qui ont révélé l’affaire Snowden est le symbole de la crise de la presse car Snowden est un traître à la démocratie. »
Internet reste une jungle dans laquelle la vérité peut être loin derrière le mensonge. La circulation des informations n’est pas toujours maîtrisée. On retrouve le pire d’internet dans des « vrais » journaux.
La crise provient aussi de l’inculture des journalistes télé qui passent leur temps à inviter des « experts » sur les plateaux, alors qu’ils devraient être capables de commenter eux mêmes.
Il en est de même dans certaines émissions de radio dans lesquelles la polémique et recherchée, où l’auditeur devient un « client ».
Philippe Val est convaincu qu’il faut honorer les lecteurs avec un vrai travail d’investigation qui rend compte de la réalité. Il a conclu les débats en soulignant que l’information peut rendre plus intelligent.
Les questions soulevées étaient passionnantes et auraient permis plusieurs heures supplémentaires de débats, plusieurs adhérents des Amis du Crif n’ayant pu poser leurs questions. Le public était conquis par l’intelligence, la force de conviction et la foi de Philippe Val envers le journalisme.
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