Le président russe Vladimir Poutine a donné à Amsterdam une leçon de multiculturalisme. Il a expliqué que les ONG n’étaient pas persécutées en Russie et que les minorités sexuelles n’étaient pas opprimées : ceux qui en font partie montent même en grade et reçoivent des médailles, écrit le quotidien Rossiïskaïa gazeta du 10 avril.
Quant à l’interdiction de la propagande de l’homosexualité dans les écoles, le président russe remarque que c’est la volonté de la population et non une initiative unilatérale des autorités.
Les droits de l’homme ont fait l’objet d’une discussion détaillée pendant l’entretien de Vladimir Poutine avec le premier ministre néerlandais Mark Rutte. "Il n’y a aucune oppression des minorités sexuelles en Russie, a souligné le président russe. Ils bénéficient des mêmes droits et libertés que tous les autres. Ils montent sur l’échelle hiérarchique, reçoivent des récompenses nationales, des médailles, des lettres de félicitation. Ils n’ont pas d’autre président. Et en tant que président je défends leurs droits", a-t-il déclaré.
L’Occident est préoccupé par les lois adoptées dans certaines régions russes interdisant la propagande de l’homosexualité dans les écoles, a précisé Poutine. "Cela témoigne de la disposition de la société russe – ces décisions ne sont pas initiées par le centre fédéral", a-t-il expliqué.
Par ailleurs, Poutine n’a pas caché qu’il n’approuvait pas le mariage gay. De tels couples ne font pas d’enfants, et on voudrait augmenter la natalité non pas grâce aux immigrants, mais grâce aux nations titulaires – les Russes, les Tatares, les Tchétchènes, les Bachkirs, les Juifs, les Daghestanais et autres – ceux qui considèrent la Russie comme leur Patrie, a-t-il déclaré. Il faut parvenir à un consensus avec les minorités sexuelles et convenir d’un travail commun : "Ne pas être en conflit, mais élaborer certaines règles de conduite". Le chef de l’État est convaincu que c’est possible.
Le président russe a ensuite cité deux exemples pour illustrer ce qu’il considère comme des différences culturelles. "J’ai du mal à imaginer que le tribunal de Moscou autorise une organisation qui fait la propagande de la pédophilie, a-t-il déclaré. Aux Pays-Bas c’est possible." Il n’existe pas non plus de partis en Russie qui s’opposent aux femmes en politique, or il en existe aux Pays-Bas. "Il vaudrait mieux simplement entendre et respecter l’autre", a-t-il souligné.
Car dans certaines régions les gens prendraient les armes en cas d’apparition d’un parti pour la pédophilie, a-t-il mis en garde. Par ailleurs, on peut difficilement imaginer des mariages homosexuels en Tchétchénie où cela pourrait "faire des victimes", a ajouté Vladimir Poutine.
"Il faut comprendre dans quelle société nous vivons", a-t-il conclu.
La visite de deux jours du président en Allemagne et aux Pays-Bas a été accompagnée par des manifestations, pour et contre la politique de Moscou. Concernant les activistes de Femen qui se sont déshabillées devant lui pendant la foire de Hanovre, Poutine a laissé entendre qu’il n’avait pas forcément apprécié le spectacle. "Je n’avais pas eu le temps de prendre mon petit déjeuner. J’aurais préféré qu’elles me montrent du saucisson ou du lard au lieu de leurs attributs. Dieu merci, les homosexuels n’ont pas eu l’idée de faire pareil", a déclaré le président russe avec soulagement.
Mark Rutte ne s’est pas étendu sur ces commentaires, précisant seulement que la pédophilie était interdite et poursuivie aux Pays-Bas. Le premier ministre néerlandais a dû personnellement répondre aux reproches concernant le retard dans l’enquête sur le suicide de l’opposant Alexandre Dolmatov.
Dès l’approbation des premiers rapports par le gouvernement, ils seront immédiatement envoyés à Moscou, a-t-il promis. Et Poutine a promis d’éclairer la situation sur la mort du journaliste hollandais en août 2008 dans la ville de Gori, en Géorgie.