Les médias français se sont bien gardés de relayer l’information. Et pour cause. Il n’y avait aucun représentant de l’Agence France Presse à l’entretien accordé par Vladimir Poutine aux directeurs des grandes agences de presse lors du Sommet économique international de Saint-Pétersbourg.
Le prétexte officiel invoqué par le Kremlin ? La représentation française à cette réunion, réservée aux N°1 ou N°2 des agences n’était pas appropriée. En fait, Vladimir Poutine a envoyé un message discret mais très clair au nouveau président français qui avait traité, quelques jours plus tôt, en sa présence, des journalistes de Russia Today et de Sputnik de propagandistes.
Emmanuel Macron retiendra-t-il la leçon ? Rien n’est moins sûr tant il est vrai que le nouveau président français confond communication et diplomatie. Tandis qu’il fait des coups – en bombant le torse devant Poutine ou Trump quelques jours plus tard – le président russe lui, fait de la diplomatie. Il a dû essuyer, lors de sa visite à Versailles, de longues minutes de « remontrances » du nouveau président français lors de la conférence de presse : il est resté très calme ; aussi maître de lui que lorsqu’Angela Merkel, que les années passées au pouvoir n’ont visiblement pas rendue plus sage que le tout neuf président français, lui a infligé un discours du même acabit, devant les journalistes après la visite qu’elle a effectuée début mai 2017 à Sotchi.
Emmanuel Macron ou Angela Merkel se comportent comme les enfants gâtés d’une Europe doublement libérée par la Russie, dans les dernières décennies : d’abord lorsque 13 millions de soldats soviétiques ont donné leur vie pour abattre l’abomination nazie ; puis lorsque Gorbatchev eut le courage moral de prendre l’initiative d’une désescalade de la Guerre froide, en 1986-87. Avec une insoutenable légèreté, le président français et la chancelière allemande pensent qu’ils peuvent construire une Europe sûre et prospère sans la Russie. Et quasiment personne, dans leur parti ou sur les bancs de l’opposition n’élève la voix pour dire qu’à force de privilégier la communication et d’ignorer les forces géopolitiques profondes, la chancelière allemande et le président français feront sortir leur pays de l’histoire.