Le président russe a eu recours à l’ironie lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg, lorsque des journalistes ont continué à l’interroger sur l’ingérence présumée de la Russie dans les élections américaines et sur Donald Trump.
« Aucun accord secret »
L’ambassadeur de Russie aux États-Unis, Sergueï Kisliak, et l’administration Trump n’ont aucun accord secret, selon Vladimir Poutine.
« Ma réponse est non. Aucune négociation n’a commencé », a déclaré le président russe lors du Forum économique internationale de Saint-Pétersbourg (SPIEF). Il s’est même dit étonné du battage qui entoure les activités de son ambassadeur à Washington, qualifiant ces accusations de « délirantes ».
« On ne sait même pas d’où viennent tous ces gens qui diffusent ces informations…L’ambassadeur rencontre quelqu’un. Et que doit faire un ambassadeur ? C’est son travail, il est payé pour ça. Il doit rencontrer des gens, discuter des questions en suspens, conclure des accords. Qu’est-ce qu’il doit faire d’autre ? », s’est demandé Vladimir Poutine.
« Don’t worry, be happy »
En commentant le concert de protestations qui a suivi la décision de Donald Trump de se retirer de l’accord de Paris sur le climat, Vladimir Poutine a noté qu’elle était exagérée. « Nous devons être reconnaissants au président Trump. Aujourd’hui, il a neigé à Moscou, et ici il pleut et fait très froid. On pourrait en rejeter la responsabilité sur lui et l’impérialisme américain. Mais nous ne le ferons pas », a plaisanté le président russe.
En soulignant que c’était Barack Obama et pas Donald Trump qui avait décidé de signer l’accord de Paris, Vladimir Poutine a déclaré que la nouvelle administration proposerait peut-être un nouvel accord sur le climat.
« Trump ne refuse pas de travailler sur le sujet. Ces accords [de Paris] ne sont pas encore entrés en vigueur. Ils entreront en vigueur en 2021. Nous avons donc le temps. Si nous coopérons tous de manière constructive, nous pourrons nous mettre d’accord sur quelque chose », a expliqué le président russe en ajoutant, après une courte pause : « Don’t worry, be happy », en anglais dans le texte.
« Accuser la Russie de tout rappelle l’antisémitisme »
Ceux qui accusent Moscou de la défaite d’Hillary Clinton à la présidentielle américaine se comportent comme ceux qui blâment les juifs pour tout, selon le président russe.
« Il est plus facile de dire que ce n’est pas notre faute [des démocrates], mais la faute de la Russie, de dire qu’ils [les Russes] se sont ingérés dans les élections… Cela me rappelle l’antisémitisme quand les juifs sont coupables de tout [...] Mais nous savons ce qu’une telle attitude comporte, ça ne finit jamais bien », a prévenu Vladmir Poutine.
Un comprimé contre l’hystérie américaine
Interrogé sur la situation des diplomates russes aux États-Unis qui auraient tenté de pousser des proches de Trump à favoriser la Russie, Vladimir Poutine a expliqué qu’il était fatigué de « l’hystérie » incessante des Etats-Unis.
« Il faut vous donner un comprimé. Est-ce que quelqu’un a un comprimé ? Donnez-leur un comprimé. Sérieux », a lâché le président russe.
« Les médias américains s’ingèrent toujours dans la politique russe »
Vladimir Poutine a également appelé l’Occident à cesser de s’ingérer dans la politique intérieure de la Russie.
« Regardez vos collègues, ce qu’ils font », a dit Vladimir Poutine à la journaliste de NCB Megyn Kelly qui animait la session plénière du SPIEF. « Ils sont partout dans notre politique intérieure, se sont assis sur notre tête, ont laissé pendre leurs jambes et mâchent du chewing-gum en s’amusant. C’est une ingérence systématique, vulgaire et absolument impertinente dans notre politique intérieure qui dure depuis plusieurs années, notamment au niveau diplomatique », a-t-il indiqué.
« L’OTAN est un outil de la politique étrangère des États-Unis »
En qualifiant l’OTAN d’« outil de la politique étrangère américaine », le président russe a noté que le manque de dialogue constructif entre l’Alliance et la Russie entravait les efforts de lutte contre le terrorisme. Vladimir Poutine s’est demandé quel but l’OTAN poursuivait alors que l’Union soviétique et le Pacte de Varsovie n’existaient plus. Il a également souligné que l’échec du dialogue avec l’Alliance n’était pas dû à la Russie.
« Utilisez Al-Qaïda aujourd’hui, ils lutteront contre vous demain »
À propos de la crise syrienne, le président russe a estimé que le conflit au Moyen-Orient ne devait pas être utilisé comme un moyen de faire pression sur les politiques à mettre en œuvre.
« Et nous voyons de telles tentatives en Syrie », a déploré Vladimir Poutine, expliquant que des forces à l’intérieur du pays étaient utilisées par des parties étrangères pour lutter contre Bachar al-Assad.
« Vous les utilisez aujourd’hui mais vous ne savez jamais ce qui vous arrivera demain. Ils peuvent lutter contre vous… Al-Qaïda a été créé à l’époque pour lutter contre l’Union soviétique en Afghanistan et puis Al-Qaïda frappe les États-Unis le 11 septembre [2001] », a déclaré Vladimir Poutine.
Le président syrien a pu commettre des erreurs, mais les groupes luttant contre lui ne sont pas des anges, selon Vladimir Poutine. Ce dernier a ajouté que la dernière attaque chimique en Syrie était une provocation contre le gouvernement.
« Les informations sur les gens qui ont été tués et qui ont souffert des armes, dont des armes chimiques, sont fausses. Nous sommes absolument sûrs aujourd’hui que c’était une provocation. Assad n’a pas utilisé ces armes. Des gens qui ont voulu l’incriminer les ont utilisées », a ajouté Vladimir Poutine.
Le discours de Valdimir Poutine (à partir de 2’15) suivi de la séance de questions-réponses (à partir de 1’19’40) :