La crise américaine et celle de l’Europe sont similaires, écrit Thomas L. Friedman dans le New York Times. Dans les deux cas, des baby boomers, ceux qui ont plus de cinquante ans aujourd’hui, se sont mal comportés, et l’on se souviendra d’eux comme ceux qui ont pleinement profité des incroyables générosité et liberté qu’ils ont reçues de leurs parents, et des incroyables fardeau de dette et de contraintes qu’ils vont laisser à leurs enfants.
Et les politiciens baby boomers de la génération Twitter ne sont peut être pas capables de régler des problèmes aussi gros que ceux de l’endettement de la Grèce ou des Etats Unis. Le trou est trop gros, et le pouvoir, trop fragmenté. La seule façon de s’en sortir, c’est par une action collective, qui consiste à réunir les partis au pouvoir avec ceux de l’opposition, mutualiser les peines, et prendre les mesures nécessaires. Mais ce n’est pas ce qui se passe, ni en Grèce, ni à Washington. Les politiciens de la génération du Baby boom sont partout inconséquents, et pour eux, aucune crise ne vaut la peine de mettre de côté leurs ambitions politiques et leur idéologie.
Mais il y a quand même un adulte qui suit discrètement la scène. La Chine a acheté des obligations espagnoles, portugaises et grecques pour aider à stabiliser ces pays, qui sont autant de marchés à l’export pour elle. « Les temps sont durs, et nous prenons un rôle positif », a affirmé Yi Gang, gouverneur de la Bank of China, au journal britannique the Guardian en janvier.
C’est un rôle que l’Amérique jouait auparavant, mais qu’elle ne peut plus se permettre. Et quiconque ne croit pas que cette crise pourrait accélérer le renversement des rôles au niveau international a oublié la règle d’or : « c’est celui qui a l’or, qui fixe les règles ». « Nous sommes tellement habitués à ce que les Américains apportent des solutions pour l’Europe, et dirigent les opérations », commente Vassilis T. Karatzas, un responsable de la monnaie grecque. « Mais que se passe-t-il lorsque nous sommes tous les deux dans le même bateau ? »
Ce qui ce passe, c’est que les rêves américain et européen sont dans la balance. Ou bien l’Europe et les Etats Unis parviennent à remettre tous les deux leurs nations sur le chemin de la croissance durable, ce qui exige des réductions de dépenses, plus d’impôts et des investissements pour le futur, ou alors, nous devons nous attendre à un monde dans lequel les démocraties vont se replier sur elles-mêmes, et se battre sur des parts de gâteau de plus en plus petites, avec une Chine décidant de plus en plus de la taille des parts.