On dit que les faits divers reflètent leur époque, un fait divers qui devient « populaire » dit son époque. Alors en quoi le meurtrier de toute sa famille Jean-Claude Romand reflète-t-il son époque ? De quoi l’élimination froide de ces 5 ou 6 personnes (on suppose qu’il a aussi assassiné son beau-père mais la justice ne l’a pas prouvé) est-elle le reflet ? Il y a autour de 800 crimes de sang par an en France, et tous ne sont pas aussi incompréhensibles. Un homme qui ment à son entourage familial et amical pendant 18 ans, ce n’est pas anodin, surtout quand il élimine sa femme, ses deux enfants, ses deux parents et son chien (ce qui le fera fondre en larmes au procès), un chien qui était devenu le confident de ses mensonges. Car il lui racontait tout. En quoi l’affaire Romand fait-elle sens ?
Il y a un bon siècle, un homme draguait des veuves de guerre, des femmes seules, des femmes dans le besoin, couchait avec elles, en assassinait une partie et piquait leur magot. Petit escroc, sans cesse sur la corde raide, c’est un menteur pathologique, un mythomane affublé de 90 pseudos qui finit par se faire condamner par contumace à la relégation (la Guyane). Il ne laissera alors plus de « traces ».
Nous sommes en 1914, le conflit mondial va commencer, et Landru débute sa série de meurtres. Le problème, c’est que ses victimes sont à la fois naïves et pas très riches : il doit donc en tuer beaucoup pour survivre et faire croire à sa propre famille – il a une femme et quatre enfants – qu’il s’en sort dans son job – inventé lui aussi – de brocanteur. Alors que c’est un séducteur-baiseur-brûleur de femmes. Landru tiendra cinq ans dans cette cavale sanglante, avant de se faire poisser par la police en 1919. Le score de Landru ? 283 femmes séduites, pour 11 cramées. Un petit extrait de Wikipédia pour vous donner une idée du culot du bonhomme :
Le 28 juin 1919, les enquêteurs Kling et Beyle font brûler dans la cuisinière une tête de mouton et un gigot de sept livres : ils constatent que le tirage est excellent et que la graisse de la viande assure une parfaite combustion. De même, les enquêteurs retrouvent dans un garde-meuble (garage loué à Clichy) par Landru des meubles ayant appartenu à l’une des victimes. Landru, après avoir fait disparaître ses victimes, se rendait à leur domicile, faisait le déménagement avec son fils qui prenait son père pour un entrepreneur et les entreposait avant de les revendre aux enchères.
Le procès est retentissant, et Landru est un sacré client. Il n’avouera jamais, et deviendra une star avant la lettre. Ses bons mots ont fait le bonheur des gazettes.
« Si les femmes que j’ai connues ont quelque chose à me reprocher, elles n’ont qu’à déposer plainte ! »
Alors que Landru vient de déclencher l’hilarité du public par une nouvelle repartie, le président menace : « Si les rires continuent, je vais demander à chacun de rentrer chez soi ! », ce à quoi Landru réplique : « Pour mon compte, monsieur le Président, ce n’est pas de refus ».
Peu avant son exécution, alors qu’on lui propose un verre de rhum et une dernière cigarette, Landru décline l’offre et répond : « Ce n’est pas bon pour la santé. »
Un siècle plus tard, presque jour pour jour, Jean-Claude Romand sort de prison pour aller vivre dans un monastère. Fidèle à ses propres lois, l’Église pardonne au pécheur, même au pire d’entre eux. Romand a passé 26 ans en prison et est désormais à moitié libre, puisqu’il se balade entre quatre (plus grands) murs avec un bracelet électronique. Mais il peut se balader et penser à ce qu’il a fait, si on lui prête une conscience.
L’histoire de Romand est connue : un enfant brillant, choyé par ses parents, perd pied dès son premier échec sérieux, en deuxième année de médecine, et commence à mentir : à ses parents, puis à sa femme, puis à son entourage. Pour vivre, il emprunte du fric en faisant croire qu’il a, du fait de ses collègues suisses de l’OMS, des opportunités de placements formidables. Sa belle-famille et ses amis, sans le savoir, financent son train de vie. Sa femme ne voit rien venir. 18 ans plus tard, il tente d’assassiner sa maîtresse à qui il doit presque un million (de francs). La supercherie est découverte, il va aller dans la foulée assassiner les témoins de son mensonge. Puis il mettra le feu à sa maison, restant dedans, mais il sera sauvé par les pompiers. Les « autres », eh bien il étaient déjà morts, une balle de fusil dans le dos.
Les psychiatres, dont l’inévitable Zagury, se sont cassé les dents sur le cas Romand, sans en sortir une connaissance tangible. Car Romand n’est pas fou, un fou n’aurait pas pu construire un tel château de cartes, mais une personne normale n’aurait pas pu s’enfoncer à ce point dans le mensonge, jusqu’à la solution finale, pourrait-on dire. Au lieu de se suicider, une fois découvert, il a préféré suicider ses proches. Ce qui est une manière d’effacer son crime. Pour le commun des mortels, si l’on peut comprendre le mensonge, la mythomanie (tout le monde l’est plus ou moins, faut pas se mentir), on ne peut comprendre les crimes. Romand a éliminé des innocents pour protéger, jusqu’au bout, son mensonge. Son mensonge était devenu plus important que tout, plus important même que la vie, celle de ses proches. À ce point, le mensonge est devenu soit une pathologie mentale lourde, soit une sorte de divinité à qui l’on doit tout sacrifier !
Pour trouver du sens au cas Romand, il faut regarder vers le politique. Un homme qui vole et qui ment à son entourage qui l’admire pendant 18 ans, et qui élimine ensuite cet entourage de manière violente, ça nous renvoie à un schéma qu’on connaît : une élite qui ment à son peuple, qui le vole, et qui exploite la crédulité de ses admirateurs. C’est la croyance en une élite supérieure qui fait gober au peuple toutes sortes d’âneries, dont le but est toujours le même : l’extorsion. Pour pouvoir faire les poches des gens, ils faut que ces derniers trouvent le pouvoir légitime, supérieur, et bien intentionné. Quand ces trois conditions sont réunies – et là on ne parle pas des pouvoirs bienveillants, chose rarissime mais qui s’est déjà produite dans l’Histoire –, alors le pouvoir malveillant, c’est-à-dire qui ne vise que sa propre survie au détriment de celle du peuple (on dit aussi le pouvoir parasitaire), peut tranquillement continuer à mentir et piller. Mais si jamais le peuple ou une partie de ce peuple commencent à comprendre de quoi il retourne, alors la violence s’abat sur eux.
Gouverne-ment !
Mensonges et manipulations en #Macronie. chaque français devrait voir cette vidéo pour comprendre que #Macron C'est le chaos de la pensée, la choas pour la vérités, le chaos pour la #France.#AvocatsEnColere #pompiers #violencepolicieres #MardiConseil pic.twitter.com/iL2dLI9TRg— Charlotte Richard (@Ch_Richard20) February 4, 2020
C’est exactement ce que Romand a fait, à son échelle individuelle. Et c’est exactement ce que les pouvoirs totalitaires non bienveillants (il est des dictatures éclairées) ont fait et font encore. Tout est alors une question d’échelle dans la répression : depuis que la France est endettée, depuis que la France rembourse sa dette colossale aux créanciers, qui sont à la fois des organisations financières extérieures mais aussi des banques et des assurances nationales pour 50 %, nos services publics ont fondu comme neige au soleil et nos gouvernements successifs revendent notre pays à la découpe. Ils défont en 50 ans ce que les Français ont construit en 1000 ans. Et depuis que les Gilets jaunes ont entravé l’arnaque, une volée de coups s’est abattue sur eux, jusqu’à des blessures physiques graves. Le pouvoir montre là son vrai visage.
Abandon historique des valeurs républicaines d'un pouvoir néolibéral enfanté par la démocratie, dont ses titres de bassesse se construisent dans la violence institutionnelle et l'affaissement des libertés publiques, en particulier celui de la presse, privée de son regard !... https://t.co/ELSCCyw52A
— Albert Lévy (@AlbertLvy1) December 19, 2019
Il ment, il pille et il châtie les mécontents, ceux qui ont compris le grand mensonge, celui d’un pouvoir bienveillant, celui d’une l’élite qui travaille pour le bien général, d’une élite qui donne tout pour son peuple. C’est bien le contraire qui se produit : l’élite semble prête à sacrifier « son » peuple pour le maintien de son pouvoir, ce qu’on voit tous les jours. Les travailleurs ne servent plus à rien ou presque puisque c’est aujourd’hui l’argent qui produit l’argent et non plus le travail (c’est une tendance, pas encore une rivière sans retour), l’avortement est vivement conseillé, l’euthanasie se profile, des hordes de miséreux détestant la France sont importés en masse, la paupérisation et l’insécurité augmentent, la couverture sociale diminue comme peau de chagrin, la justice devient injustice et la police protège les malfrats d’en haut.
Jean-Claude Romand, finalement, c’est le visage de l’oligarchie en régime néolibéral, c’est-à-dire meurtrier.