Il y a une attitude hypocrite dans la politique étrangère occidentale et en particulier celle des États-Unis. En ce qui concerne Israël, les États-Unis sont prompt à déclamer qu’« Israël a le droit de se défendre ». Pour la Syrie, ce même droit ne semble pas exister.
Quand Israël a exécuté ses campagnes de bombardement intense contre Gaza en 2008, 2012 et 2014, les États-Unis ont justifié les attaques. Aux Nations unies, le 18 juillet 2014, leur ambassadrice, Samantha Power, a déclaré : « Le président Obama a parlé avec le Premier ministre Netanyahou, ce matin, pour réaffirmer le fort soutien des États-Unis au droit d’Israël à se défendre […] Les attaques du Hamas sont inacceptables et seraient inacceptables pour tout État membre de l’Organisation des Nations Unies. Israël a le droit de défendre ses citoyens et de prévenir ces attaques ».
Israël a affirmé qu’il répondait simplement par légitime défense. Le groupe de défense des droits de l’homme, BtSelem rapporte qu’au cours de la décennie entre juin 2004 et juillet 2015, les Palestiniens ont lancé plus de 8 700 roquettes et 5 000 mortiers depuis Gaza vers Israël. Mais le nombre total de civils tués en plus de 10 ans était de 28, soit une moyenne de moins de trois personnes par an. En utilisant cela comme une justification, Israël a attaqué par air et par terre, envahissant Gaza pendant ces années et provoquant beaucoup plus de victimes palestiniennes. Par exemple, les attaques israéliennes sur Gaza de l’été 2014 ont tué plus de 2 000 habitants de Gaza, en grande majorité des civils, dont beaucoup d’enfants.
Avec si peu de morts et de dégâts causés par les roquettes à partir de Gaza, il semble que les Palestiniens les ont lancées comme autant de symboles de protestations contre la répression israélienne. L’économie de Gaza est extrêmement restreinte, les frontières sont fermées et même le ciel et l’océan sont hors d’atteinte. Beaucoup de gens diraient qu’Israël maintient l’ensemble de la population de Gaza dans des conditions analogues à celles d’une prison. En outre, de nombreux habitants de Gaza sont des descendants de réfugiés des villes et des villages israéliens voisins. En vertu des Conventions de Genève et la résolution 194 de l’ONU, ils ont le droit de revenir, mais en ont été privés en plus de la plupart de leurs autres droits.
En résumé, les Palestiniens ont lancé des roquettes et des mortiers pour protester contre la politique d’occupation et d’apartheid israéliens. Les Palestiniens ne cherchent pas le renversement de l’État d’Israël, mais plutôt la reconnaissance de leurs droits et la fin de l’occupation. Les victimes de roquettes ont été peu nombreuses. En réponse, l’Occident a donné à Israël un laissez-passer virtuel pour attaquer les Palestiniens à Gaza et bombarder des zones urbaines densément peuplées, où il y a forcément d’énormes pertes civiles.
Le caractère disproportionné de ces attaques israéliennes suggère que le gouvernement israélien ne se défend pas ; il punit une population captive et sans défense.
L’État syrien subit une véritable attaque
La situation en Syrie est radicalement différente. L’opposition armée en Syrie a infligé un grand nombre de morts et de sérieux dégâts en cinq ans de campagne pour renverser le gouvernement. Les données de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, pourtant favorable à l’opposition, indiquent ce chiffre de victimes depuis mars 2011 : les forces pro-gouvernementales (armée et milices) – 105 000 ; les forces anti-gouvernementales – 101 000 ; les civils – 86 000.
Ces chiffres révèlent l’intensité de la violence et combien les critiques jugeant le président Bachar al-Assad et le gouvernement syrien coupables de tous les morts sont inexactes. Comme le montrent ces chiffres, les soldats et les milices qui défendent l’État constituent le plus grand nombre de victimes.
Le conflit à Alep fait actuellement la une des nouvelles. Alep était la plus grande ville de Syrie et son moteur industriel et financier. La plus grande et la plus efficace force d’opposition à Alep est une filiale d’al-Qaïda, le front al-Nusra, reconnu comme organisation terroriste, même par les États-Unis, et n’a jamais fait partie du « cessez le feu ». Il y a d’autres factions et groupes de défense à Alep qui cherchent à détruire l’État syrien. La plupart de ces groupes sont explicitement des sectaires wahhabites, hostiles à la laïcité, au christianisme et aux religions islamiques modérées.
L’opposition en Syrie est lourdement équipée en armes, en munitions et en explosifs. Elle tire quotidiennement des missiles sur l’ouest d’Alep, tuant au hasard dans cette partie de la ville contrôlée par le gouvernement. Les voitures piégées ont tué des milliers de civils et de soldats. Les bombes placées dans les tunnels en ont tué des milliers d’autres.
Alep a été relativement calme jusqu’à l’été 2012, lorsque des milliers de combattants armés ont envahi et occupé des quartiers dans la partie orientale de la ville. Les rebelles ont été détestés par la majorité de la population dès le début. Ceci a été documenté, même par des journalistes occidentaux tels que James Foley et Stephen Sotloff, qui sont allés là-bas dans un esprit favorable à l’opposition (Foley et Sotloff ont ensuite été capturés et décapités par les djihadistes d’État islamique).
Martin Chulov du Guardian décrit les quartiers est d’Alep en 2015 et estime sa population à seulement 40 000 personnes. À l’opposé, une large population d’environ 1,5 million de Syriens vit dans le reste de la ville. C’est le reflet de la réalité : la grande majorité des Syriens soutient le gouvernement et a la haine des terroristes. Même ceux qui critiquent le parti Baas et qui veulent des réformes, mais pas la violence et la destruction. Ce fait important est généralement ignoré par les médias occidentaux (la situation actuelle dans l’ouest d’Alep est décrite ici par la journaliste Eva Bartlett).
Contrairement aux guerres périodiques israéliennes contre Gaza, le gouvernement syrien est vraiment en train de se battre pour se défendre, lui et sa population civile, contre une opposition armée qui est violente, sectaire et impopulaire auprès de la grande majorité des Syriens.