Invité de Jean-Pierre Elkabbach, le patron Europe de la banque d’affaires Goldman Sachs, le Français Yoel Zaoui s’est livré à un exercice de langue de bois, lisant ses notes de bout en bout de l’entretien, pour finalement réduire la responsabilité des banques dans la crise financière à un vulgaire problème de communication.
Estimé par ses pairs, élu en 2008 « meilleur banquier de l’année » par la communauté française de Londres, Yoel Zaoui, le patron Europe de la banque d’affaires Goldman Sachs était l’invité de Jean-Pierre Elkabbach. Lisant un texte de bout en bout (NDLR : la vidéo est édifiante), ce surdoué de la finance s’est livré à un exercice de langue de bois qui mériterait au moins aux micros d’Europe 1 l’installation temporaire d’une cellule de veille psychologique. Pas sûr qu’ils s’en remettront...
Cadenassé par ses fiches, Yoel Zaoui est en souffrance, même sur son « bonjour » à Jean-Pierre Elkabbach pèse tout le poids de la finance internationale. Interrogé sur la lettre écrite par le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel, et adressée au président de la commission européenne, José Manuel Barroso pour accélérer les travaux de régulation dans l’union européenne, Yoel Zaoui scrutant ses fiches a distribué les bons points, s’essayant, par ailleurs, à un exercice de pédagogie sans surprises : « Ils ont raison, c’est une bonne initiative, mais il faut aller plus loin car l’harmonisation doit être mondiale dans le monde d’aujourd’hui. Si elle n’est pas mondiale, on affecte la compétitivité d’une place par rapport à une autre. Donc je suis pour une régulation sans frontières ». Du banquier d’affaires dans le texte, l’équivalent de ces footballeurs qui « prennent les matchs les uns après les autres ».
La suite de l’entretien est à l’avenant. Pas de quoi réveiller un mort. Les raisons des résultats records de Goldman Sachs en pleine période de crise : « nous avons su garder notre sang froid et continuer à faire notre métier dans un monde très perturbé ». Visiblement pas convaincu par la réponse, Elkabbach reviendra à l’assaut, mais les notes de son invité n’avaient manifestement pas prévu de prolonger les échanges sur ce thème là.
LA CRISE : UN PROBLÈME DE COM’
Responsable mais pas coupable, c’est ainsi que l’on peut résumer le propos de Yoel Zaoui sur le rôle de sa banque dans la crise qui affecte le monde : « Goldman Sachs fait partie des grands de la finance et à ce titre porte sa part de responsabilité dans les excès commis par tous. Nous avons connu une crise d’excès mais nous avons toujours respecté les règles en vigueur. La vitalité de la finance est allée quelque part plus vite que l’évolution de la régulation, ce qui a conduit à des excès, certainement. Mais la finance n’est pas une maladie, c’est les vitamines de l’économie mondiale ». « Ça c’est beau, c’est très lyrique », commentera, un brin moqueur, Jean-Pierre Elkabbach.
Yoel Zaoui ne poursuivra guère plus ses efforts admettant tout juste qu’il y a un « décalage entre la perception que nous avons de nous-mêmes et la façon dont nous sommes perçus ». Ou comment réduire une crise de la finance internationale à vulgaire problème de communication. Rien que de très classique.
Une vision très parcellaire de la problématique que ne semble pas partager la Commission d’enquête sur la crise financière (FCIC) américaine. Déjà accusée de fraude par l’autorité boursière américaine, pour avoir trompé ses clients, Goldman Sachs est aujourd’hui soupçonnée par la FCIC de faire obstruction à son enquête sur les origines de la crise, en répondant volontairement de manière incomplète et insatisfaisante aux requêtes qui lui sont faites. Goldman Sachs a ainsi envoyé un volume « déraisonnable » de documents (2,5 milliards de pages !) qui ne répondaient pas aux questions posées. Ne pas répondre aux questions posées, un vrai savoir-faire, chez Goldman Sachs.