Pour le Gamelin du plateau, les Russes perdent cent hommes au kilomètre carré, ce qui fait 40 millions de pertes pour gagner l’ensemble de l’Ukraine, comme si les Russes voulaient s’emmerder avec l’Ukraine entière. L’ensemble de ce débat est d’une débilité rare. Chacun surenchérit sur les autres pour exalter la valeur des soldats ukrainiens et railler la bêtise du commandement russe qui envoie 200 hommes à la mort pour une tranchée.

On se croirait en 41 en Biélorussie, où effectivement le commandement soviétique ne comptait pas ses hommes et envoyait des divisions entières sous-équipées sous le puissant feu allemand. Aujourd’hui, c’est différent : l’avancée russe est lente car les hommes sont épargnés, l’accent étant mis sur l’artillerie et les drones. Cela n’empêche pas les gamelinets de dire que les Russes sont en train de perdre, car leurs pertes sont 20 fois supérieures à celles des Ukrainiens (200 pour 10).

On a écouté ces quatorze minutes de bout en bout, et on a peine à le croire. Il faudra garder cette vidéo en archives, comme celle où Jérôme Salomon comparait en 2020 le coronavirus à la peste noire, ou celle dans laquelle Fischer voulait piquer tous les enfants de 5 à 11 ans. Pour l’histoire.

Les commentaires sous la vidéo sont empreints de bon sens et d’humour, ils remettent toute cette escouade d’experts malhonnêtes à sa place : la poubelle de la télé.

Didier François, grand reporter : « Pokrovsk, c’est vraiment le bastion qui garde en hauteur la capacité d’ouverture à l’est et au nord... »

Darius Rochebin : « C’est une petite ville, pourquoi est-ce qu’elle a un tel enjeu militaire ? »

Didier François : « Parce que après Adviivka, qui était le verrou face à Donetsk... Y a deux sujets sur Pokrovsk, un, c’est quand même un endroit où il y a une production d’acier qui est importante et de charbon qui est importante pour la fabrication de munitions ukrainiennes... Si ils perdent ça, ça va être embêtant... On voit bien que c’est un endroit qui est un peu un carrefour sur une hauteur plus facile à défendre que le reste, que les Ukrainiens ne doivent pas perdre, sinon ils vont être obligés de faire un bond en arrière comme après Adviivka. »

Margot Haddad, éditorialiste international LCI (!) : « Y a aussi une dimension certainement psychologique dans le sens où Pokrovsk ça a été un hub humanitaire pour tous les déplacés du Donbass... Parce que les Russes en permanence avec des drones tapent sur des voitures civiles, tapent sur des convois militaires, le peu de personnes qui restent sont des personnes âgées qui n’ont pas voulu quitter la ville de Pokrovsk... Mais il y a vraiment une volonté d’abattre le mental des Ukrainiens et ça c’est une tactique qu’on a vue depuis le début de la guerre du côté russe. »

Général Nicolas Richoux : « C’est la preuve que comme à Bakhmout, tant que c’est pas tombé faut pas dire que c’est tombé. »

Suit l’interview d’un mercenaire français masqué, sans complexes, un certain Lucci : « On va pas faire des assauts comme eux ils le font, des assauts stupides, on va tout simplement piloter nos drones et on va détruire le matériel comme on détruit l’infanterie. C’est des vagues qui sont tous les jours et qui sont assez impressionnantes. »

Darius Rochebin résume en plateau, pour les idiots : « Ces vagues de soldats, premières vagues qu’ils envoient, quitte à perdre plein d’hommes, mais ils envoient une vague, ils le font toujours, notamment là dans cette région. »

Xavier Tytelman : « Tous les témoignages qu’on a sur la zone sont les mêmes, les Russes envoient entre 20 et 40 soldats, toutes les heures, toutes les deux heures, jusqu’à ce que les Ukrainiens n’aient plus de drones kamikazes. Donc réellement ils sont prêts à perdre, réellement c’est des chiffres, entre 150 et 200 hommes pour juste accéder à la tranchée suivante dans lequel, j’ai un témoignage direct, dans lequel y avait 12 combattants, et 12 combattants ont tué quasiment 150 Russes avant de devoir reculer dans la tranchée suivante simplement parce qu’ils avaient plus de munitions pour continuer à se défendre. Alors y a d’autres types de drones qui sont utilisables mais c’est vrai que quand y a 300 drones FPV qui ont été tirés sur une portion du front qui fait moins de 500 mètres de large, eh ben vous avez plus le flux qui permet d’empêcher les Russes de continuer à accéder. Parce que quand vous êtes que douze dans votre tranchée et que vous avez soixante qui vous tombent dessus au même moment, au début c’est les Nord-Coréens puis ensuite c’est les Russes, eh ben forcément vous êtes pas capables de résister à un flux qu’est aussi intense et aussi continu. »

Rochebin saute sur l’occasion : « Est-ce que c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour les Ukrainiens, le fait que les Russes soient prêts à perdre tant d’hommes ? On est tellement loin dans nos armées ici en Europe de l’ouest, la mort d’un soldat c’est compréhensible c’est un événement, eux en perdent par vagues... »

Général Richoux : Je crois que c’est plus de cent hommes au kilomètre carré, il leur reste 400 000 km2 à prendre je crois ou 450 000 pour la totalité de l’Ukraine, imaginez, ça fait quarante millions de soldats, je veux dire ce sont des pertes qu’ils ne pourront pas souffrir longtemps, et d’ailleurs il le sait Poutine, on dirait qu’il engage toutes ses forces dans la bataille pour essayer d’emporter la décision maintenant. Mais il mobilise pas sa population, y a 140 millions d’habitants il pourrait avoir 10 millions de soldats, mais il ne le fait pas, donc ça va forcément lui poser des problèmes tôt ou tard, c’est déjà le cas aujourd’hui, la preuve en est les soldats nord-coréens. Mais maintenant sur le plan micro-tactique immédiat, ça a des effets forcément.

Ceci étant dit, malgré les communiqués de victoire de ces super experts, Macron vient de reconnaître, même pas en creux, la défaite ukrainienne, qui est pourtant consommée depuis mai 2022. Devant le corps diplomatique, la mort dans l’âme, et après la désertion massive de la brigade formée en France à grands frais (un milliard pris dans la poche des Français qui ne veulent pas de cette guerre), le pseudo-président a esquissé un virage vers la négociation, et l’abandon du Donbass aux Russes. TV5 résume la défaite présidentielle :

Le président français Emmanuel Macron a appelé lundi les Ukrainiens à « mener des discussions réalistes sur les questions territoriales » pour trouver un règlement au conflit provoqué par l’invasion russe en 2022, dans un contexte défavorable à Kiev sur le champ de bataille.

Rappel