Deux historiens polonais renommés, spécialistes de l’ Holocauste, seront jugés ce mardi. Leur procès en diffamation a suscité un vif débat sur la liberté de la recherche scientifique dans un pays ayant peine à se confronter à son passé.
Les historiens accusés sont les co-auteurs d’un ouvrage intitulé Plus loin, c’est encore la nuit, qui fait état de nombreux cas de complicité de Polonais dans le génocide juif pendant la Seconde Guerre mondiale. Le procès s’est tenu dans un climat de défiance, encore renforcée depuis l’arrivée au pouvoir en Pologne d’une droite nationaliste soupçonnée de vouloir réécrire l’histoire du pays et décourager les enquêtes sur les agissements polonais sous l’occupation allemande.
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Le procès a été intenté par la nièce d’Edward Malinowski, qui fut maire du village de Malinowo (nord-est) pendant l’occupation allemande, et dont l’implication présumée dans un massacre de juifs est brièvement évoquée dans l’ouvrage des deux historiens. Or, selon la plaignante octogénaire, Filomena Leszczynska, soutenue par une « Ligue anti-diffamation » qui veut défendre la « réputation de la Pologne », ainsi que par des médias conservateurs, son oncle aurait eu un comportement inverse. Filomena Leszczynska reproche aux chercheurs des « négligences » et des « erreurs de méthodologie » qui les auraient conduits à salir la mémoire de son oncle.
Des excuses demandées
Pour Maciej Swirski, président de la Ligue anti-diffamation, les travaux des deux historiens offensent « tout Polonais ». « Les recherches scientifiques doivent être conduites avec probité », assène-t-il, avant de dénoncer « les tentatives d’établir un consensus scientifique sur la coresponsabilité polonaise pour l’Holocauste ».
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En 2018, la majorité conservatrice en Pologne avait adopté une loi prévoyant des peines de trois ans de prison pour ceux qui attribueraient « la responsabilité ou la coresponsabilité de la nation ou de l’État polonais pour les crimes commis par le Troisième Reich allemand ». Face au tollé international, Varsovie a, depuis, supprimé les sanctions pénales prévues dans le texte initial. Un an plus tard, la justice polonaise avait classé sans suite son enquête sur une possible offense à la nation imputée à l’historien américain Jan Tomasz Gross, qui avait accusé les Polonais d’avoir « tué plus de Juifs que d’Allemands » pendant la Seconde Guerre mondiale.
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Un ancien gardien du camp nazi de Sachsenhausen, âgé de 100 ans, a été inculpé pour complicité de meurtres, a annoncé lundi le parquet de Neuruppin, dans l’Est de l’Allemagne.
L’homme est accusé d’avoir « sciemment et volontairement » aidé et encouragé de 1942 à 1945 le meurtre de 3518 détenus de ce camp concentration situé à Oranienbourg, à seulement 30 km au nord de Berlin.
Il aurait appartenu au bataillon de gardes du camp jusqu’à février 1945. Il vit à présent dans la région du Brandebourg, qui entoure Berlin. Le tribunal régional de Neuruppin doit à présent décider s’il est apte à comparaître en procès, comme l’estime le parquet.
Une dizaine d’instructions en cours
Plus de 75 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale, une dizaine d’instructions judiciaires relatives aux crimes nazis sont en cours dans le pays. Le 5 février, c’est une ancienne secrétaire du camp de Stutthof, âgée de 95 ans, qui avait été inculpée pour complicité de meurtre dans « plus de 10000 cas », entre 1943 et 1945, selon le parquet de Itzehoe, près de Hambourg.
Un autre dossier concerne un ancien gardien SS de ce même camp, également âgé de 95 ans. Il a été mis en accusation en juillet dernier pour complicité de meurtres dans plusieurs centaines de cas. Sa capacité à comparaître est là encore en train d’être évaluée et aucune date de procès n’a été fixée.
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Aussi controversée soit cette justice tardive, elle permet « de donner une voix aux victimes, à leurs familles, et de ramener les faits dans la conscience publique », estime le juriste Andrej Umansky, auteur du livre « La Shoah à l’Est ».
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