La commémoration de la « Nakba », marquée par le soutien à la grève de la faim des prisonniers palestiniens, a dégénéré lors d’affrontements entre manifestants et forces israéliennes en Cisjordanie. Plusieurs blessés palestiniens sont à déplorer.
Plusieurs Palestiniens ont été blessés en Cisjordanie occupée lors de heurts avec les forces de l’ordre israéliennes le 15 mai, à l’occasion de la journée commémorant la « Nakba » (la catastrophe en arabe), qu’a constituée pour eux la création d’Israël il y a 69 ans.
Onze Palestiniens ont été évacués vers des hôpitaux, pour la plupart après avoir été atteints par des balles israéliennes en caoutchouc lors d’affrontements près du point de contrôle dit du DCO ou de Bet-El, à la sortie de Ramallah, d’après une secouriste présente sur place.
Des dizaines de jeunes ont lancé durant plusieurs heures des pierres en direction des soldats israéliens positionnés autour du point de contrôle, l’un des lieux privilégiés par la jeunesse palestinienne pour protester contre l’occupation militaire israélienne des Territoires palestiniens. Ils ont été dispersés par un puissant canon à eau et l’avancée de soldats israéliens armés et casqués et tirant des projectiles anti-émeute.
À Bethléem aussi, plusieurs centaines de Palestiniens, arborant des tee-shirts noirs frappés de l’inscription 1948 (année de la création d’Israël), ont lancé des projectiles sur les forces israéliennes qui les maintenaient à distance à coups de balles en caoutchouc, de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogène, a constaté un photographe de l’AFP.
Le 69ème anniversaire de la « Nakba » marqué par le soutien à la grève de la faim des prisonniers palestiniens
Avant les heurts au point de contrôle, plusieurs milliers de personnes avaient marché sous les drapeaux palestiniens dans Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne. Beaucoup brandissaient des clés surdimensionnées, symbole traditionnel des maisons perdues à l’époque et dans lesquelles les Palestiniens espéraient revenir après le conflit israélo-arabe.
Cette année, cette commémoration a pris une tournure différente puisque la marche s’est arrêtée devant une tente dressée en soutien aux centaines de Palestiniens actuellement en grève de la faim dans les prisons israéliennes pour réclamer des conditions de détention plus dignes.
Des manifestations ont également eu lieu dans d’autres villes de Cisjordanie ainsi que dans la bande de Gaza, ont rapporté des journalistes de l’AFP.
« Je viens tous les ans commémorer cet anniversaire, cette catastrophe », a confié Salha Orabi, 62 ans, descendante de réfugiés et résidente du camp de Jalazoun, près de Ramallah. « La Nakba, pour nous, signifie la destruction. Nous sommes bien placés pour savoir ce que cela signifie, nous avons dû fuir, c’est nous qui avons quitté nos maisons et nos terres », a-t-elle ajouté.
Les Palestiniens commémorent chaque année la « Nakba », synonyme d’exode pour des centaines de milliers de personnes ayant été expulsées ou ayant pris la fuite en 1948. Plus de 12 millions de Palestiniens vivent à travers le monde, dont la moitié dans les Territoires occupés et en Israël, selon les chiffres officiels palestiniens. Plus de 5,5 millions d’entre eux sont enregistrés comme réfugiés auprès des Nations unies.
Le droit au retour reste une revendication primordiale des Palestiniens et l’une des questions les plus épineuses préalables à la paix avec Israël, après presque 70 ans de conflit.