Interrogé par Darius Rochebin, de son vrai nom Darius Khoshbin, un journaliste suisse d’origine iranienne, Piotr Tolstoï, le vice-président de la Douma (Chambre russe), se défend vertement. S’il craque parfois, on peut le comprendre, tant le feu des questions dépasse le cadre journalistique.
Khoshbin : Soyez précis sur votre but de guerre, [l’Ukraine] n’existera plus, cela veut dire quoi, cela veut dire que vous voulez l’annexer entièrement comme vous l’avez fait par la force, de la Crimée, ça reste votre rêve ?
Tolstoï : C’est pas la rêve, on veut pas annexer l’Ukraine, mais c’est ce qu’on veut, c’est que l’Ukraine reste un pays neutre, n’est pas membre de l’OTAN et n’est pas membre de l’Union européenne, mais l’Union européenne va se terminer aussi comme l’Union soviétique assez vite...
#Russia Quand Piotr Tolstoï explose @LCI : "l'#Ukraine doit rester neutre et ne doit ni entrer dans l'OTAN ni dans l'UE. l'UE va finir comme l'Union soviétique. Plus l'Occident donnera du matériel a longue porté, plus loin devra aller l'armée Russe et elle va y aller." pic.twitter.com/h5zv8NqVnd
— Militant.André.D (@Circonscripti18) May 28, 2023
L’émission entière du 28 mai 2023 :
Rochebin, bien qu’officiant sur LCI, dite aussi LCU, la chaîne ukrainienne en France, n’est pas le pire des journalistes mainstream, loin de là. La preuve, il donne encore la parole à Tolstoï ou à Makogonov, le porte-parole de l’ambassade russe en France, qui reste toujours sur une ligne sobre et factuelle, malgré le bombardement de désinformation qu’il subit de la part des invités et des chroniqueurs en plateau. À ce propos, les émissions de LCI ne sont plus des plateaux, mais des tribunaux de comparution immédiate. Il ne manque plus que le vrai peloton d’exécution !
On admire ce titre datant du 25 mai 2023 : « Les Russes terrorisés par la contre-offensive ? », avec quand même un point d’interrogation, au cas où on accuserait (encore) la chaîne de fake news. La présentatrice impressionne par sa science militaire et ses connaissances du terrain.
Autre exemple encore plus frappant, Makogonov est interrogé le 7 mars 2022 sur Télématin par le très ignorant – aussi ignorant qu’il est dans l’émotion – Thomas Sotto, qui se doit de prouver sa soumission à la ligne antirusse dominante. Le présentateur semble ne pas comprendre le contexte de cette guerre, qui est due aux avancées de l’OTAN vers les frontières russes (des pays baltes, de la Pologne puis de l’Ukraine) depuis 30 ans. Mais ne demandons pas trop de culture historique et géopolitique à un homme-tronc.
Sotto : Est-ce que vous soutenez cette guerre, monsieur le porte-parole, au fond de vous ?
Makogonov : Vous savez, ce n’est pas une guerre, c’est une opération militaire. Et si cette opération militaire est destinée à assurer la sécurité de mon propre pays, et non seulement de mon pays mais de l’Ukraine aussi, et de tout le continent européen, mais bien sûr je soutiens cette opération...
Sotto : Mais c’est une guerre, les mots ont un sens, c’est une guerre.
Makogonov : Ce n’est pas une guerre. Parce que quand on parle de la guerre ça a un sens, un peu plus général, plus global, mais on cible pas les civils. On cible uniquement les éléments néo-nazis, et les éléments de l’armée ukrainienne qui continuent leur résistance.
Sotto : Il y a manifestement des enfants que vous considérez comme des néo-nazis en Ukraine, merci monsieur d’être venu au Télématin.
Quelle réplique ! Le porte-parole de l’OTAN sur le service public audiovisuel français congédie dans la foulée son invité. Il a eu le dernier mot. C’est un journaliste français. Mais les commentaires sous la vidéo ne trompent pas. Les médias français sont une chose, l’opinion en est une autre.