Le patron de Radiall Pierre Gattaz est devenu mercredi le nouveau président du Mouvement des entreprises de France (Medef), succédant à Laurence Parisot.
M. Gattaz, 53 ans, qui dirige aussi le Groupe des fédérations industrielles (GFI), a obtenu 476 voix contre 8 pour son unique adversaire Hervé Lambel 48 ans, dirigeant de HLDC, société de production cinématographique et de spectacles vivants, a annoncé Georges Drouin, président du comité statutaire de la principale organisation patronale hexagonale.
Il y a eu 16 votes blancs et un non-exprimé, a-t-il précisé, parmi les 501 votants, venus au Palais des Congrès de Paris de toute la France et des différentes fédérations du mouvement. Au total 561 électeurs étaient appelés à s’exprimer.
Cette élection triomphale de M. Gattaz était prévisible après le ralliement mi-juin de ses deux principaux adversaires, Geoffroy Roux de Bézieux et Patrick Bernasconi.
Le nouveau patron des patrons a immédiatement rendu hommage à Mme Parisot et parlé d’« années magnifiques » au sujet de son mandat. Elle est nommée présidente d’honneur du mouvement, sous les acclamations des participants à l’Assemblée générale, debouts.
M. Gattaz est le fils d’Yvon Gattaz, qui présida de 1981 à 1986 le CNPF, ancêtre du Mouvement des entreprises de France.
Patron de Radiall, une entreprise de taille intermédiaire très exportatrice produisant des composants pour l’aéronautique, l’espace et l’électronique, M. Gattaz s’est présenté en candidat de « terrain », affirmant « faire ce qu’il dit ». Et ce qu’il dit peut être quelque peu provocateur comme lorsqu’il suggère aux entreprises de renoncer aux aides de l’État ou lorsqu’il se montre très offensif contre les 35 heures et sur la fiscalité des entreprises et la dépense publique.
Autant de positions qui ont suscité des inquiétudes sur sa volonté de dialogue, craintes renforcées par le soutien appuyé que lui apporte l’ancien vice-président du Medef Denis Kessler, souvent jugé très libéral. Mais après avoir prôné un « Medef de combat », le futur patron des patrons a assuré être un « fervent partisan » du dialogue social, même s’il préfère sa mise en œuvre en priorité « au niveau du terrain ».
Premier test dès jeudi à Matignon
Le premier test ne tardera pas. Jeudi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault recevra à Matignon patronat et syndicats pour entendre leurs positions sur la réforme des retraites. Pierre Gattaz a déjà fait connaître les siennes : allongement de la durée de cotisation, relèvement de l’âge légal de départ, mais surtout pas de hausse des cotisations.
Dès la mi-janvier, il avait protesté contre les manœuvres de Mme Parisot pour obtenir un troisième mandat. Au terme de péripéties dans une atmosphère délétère au Medef, le conseil exécutif avait retoqué de justesse le 28 mars la révision des statuts de l’organisation, barrant ainsi la route à la présidente sortante.
Le suspense est ensuite vite tombé à plat avec le ralliement de MM. Roux de Bézieux, président fondateur du groupe Omea (Virgin Mobile), et Patrick Bernasconi, patron de la fédération nationale des travaux publics (FNTP), le 13 juin.
Le même jour était annoncée la répartition des postes au sein de la prochaine équipe dirigeante du Medef : Geoffroy Roux de Bézieux doit devenir vice-président délégué et trésorier, chargé de l’économie, de la fiscalité, de l’innovation, et du numérique tandis que Patrick Bernasconi sera chargé, au même rang, des mandats, des branches et des territoires.
Le délégué général de l’UIMM (Union des industries et des métiers de la métallurgie), Jean-François Pilliard, sera vice-président chargé des questions sociales, tandis que deux autres ex-candidats, l’ancien médiateur interentreprises Jean-Claude Volot et le patron de PME Thibault Lanxade, complètent cette équipe jusqu’ici très masculine.
Laurence Parisot, elle, a assuré qu’elle entendait « rester dans le débat public ».