C’est au Christie’s, à Paris, les 23 et 25 février, que s’est déroulée la fameuse vente des bronzes chinois (la tête de lapin et la tête de rat), pour un montant de 31,4 millions d’euros - hors taxes s’il vous plait - devant une assemblée bien garnie de la nouvelle aristocratie mondialisée, qui malgré les temps qui courent, ont encore tout le loisir de s’adonner à ce genre de marchandages néocoloniaux, au moment même où la récession – celle dont ils sont les principaux artisans ou complices – touche désormais de plein fouet la plupart des derniers pays qui résistaient encore tant bien que mal aux secousses d’une crise qu’on annonce comme la plus terrible du siècle. C’est donc devant ce rassemblement feutré de ces nouveaux humanistes, bien trop philanthropes pour daigner lever le petit doigt – sauf pour faire monter les enchères – afin de soulager les souffrances des peuples du monde entier de l’exploitation économique et sociale dont les fruits, si durement récoltés, sont dilapidés futilement et sans vergogne à la face du populo…
L’organisateur de l’événement mondain connu désormais partout en Chine, le célèbre couturier Pierre Bergé, qui lui ne connaît ni la crise, ni les files d’attentes de l’agence pour l’emploi fraîchement inaugurée – le peuple français et le peuple chinois n’ont pas cette chance – vient d’apprendre aux autorités chinoises et à l’acquéreur des pièces de collection Cai Mingchao pour ne pas le nommer – précisons que l’heureux élu n’a pas voulu déclarer son identité et encore moins sa nationalité en bonne fourberie toute chinoise – qu’il refusait de rendre gratuitement les deux têtes du zodiaque. Motif : l’Etat Chinois ne mérite pas de recevoir les deux bronzes car il ne respecte pas les Droits de l’homme si chers à Pierre Bergé et à ses amis philanthropes. Autrement dit : « Aussi plurimillénaire et majestueuse qu’elle fut par le passé, la civilisation chinoise est indigne d’abriter en son sein le fruit de son propre génie culturel au nom du génie humaniste de Pierre Bergé »…
L’acquéreur des fameux bronzes n’est autre que Cai Mingchao, milliardaire chinois, qui le 2 mars - appuyé par le gouvernement chinois - décide finalement de ne plus payer la somme exigée par YSL - Pierre Bergé, exigeant à son tour que lui soit remis les pièces de collection sans compensation financière, demande explicite avec le tampon du gouvernement chinois.
Ces pièces en bronze de 30 à 40 cm de haut, qui rappelons-le, ont été volées par les troupes coloniales franco-britanniques en 1860 lors du sac du Palais d’Eté de Pékin – volées également au nom des Droits de l’homme - constitue pour la Chine et le peuple chinois, outre des œuvres d’art correspondants aux signes zodiacaux – et Dieu sait à quel point les Chinois y sont attachés – l’un des symboles de l’occupation coloniale, ressentie encore aujourd’hui dans l’esprit populaire comme une humiliation nationale…
C’est donc au nom des Droits de l’homme que le béké de la haute couture française, exige donc des Chinois au micro de France 2 : « Je suis prêt à rendre les bronzes si le gouvernement chinois applique les Droits de l’homme dans leur pays, rendent la liberté aux Tibétains et laissent revenir le Dalai Lama ». Rien que ça ! Il aurait pu ajouter à sa liste de Noël que Pékin renonce à son arsenal nucléaire, que désormais le Chinois moyen ne devra consommer que 20 g de CO2 par an, et qu’ils rendent gentiment au comité olympique l’ensemble des médailles d’or gagnées l’été dernier …Revendications parfaitement grotesques dont Pierre Bergé a parfaitement conscience qu’elles ne feront au final que réaliser le résultat escompté, c’est-à-dire attiser encore un peu plus les tensions internationales dans un contexte économique et géopolitique de crise, sans aucun espoir d’avancée politique pour les Chinois eux-mêmes. Un énième épisode de la croisade des Droits de l’homme, devenue de plus en plus insupportable aux yeux des populations des pays émergents et de l’ancien tiers monde ; leçons de morale qui sont d’autant plus inaudibles quand elles proviennent d’un milliardaire exploiteur qui se moque éperdument de son propre peuple tout autant que du peuple chinois…
Pour récompenser notre Pierrot transnational - qui a sans doute plus de goût pour les arts et la poterie que pour la littérature, en témoigne son altercation récente sur un plateau télé avec Eric Naulleau : « Vous n’êtes même pas capable d’apprécier l’exceptionnelle qualité de Christine Angot ! » sic ! - je propose l’organisation d’une vente aux enchères un peu spéciale, à Pékin, soyons ambitieux ; une vente aux enchères sponsorisée par E&R, VOXNR et l’amicale des routiers chinois, destinée à tous ceux qui ne sont pas dupes de ces magouilles de milliardaires…une vente aux enchères exceptionnelle, pour un objet exceptionnel, fruit du génie de l’artisanat chinois, celui d’un bronze de Pierre Bergé...
Steve - E&R