Le pic de pollution dont ont nous rebat les oreilles depuis bientôt une semaine est un placard à double voire triple fond.
D’abord, chacun aura remarqué que l’on respire certes mal à Paris, mais pas plus que d’habitude. De plus, ce qui est présenté par la grande presse aux ordres comme la manifestation d’une catastrophe écologique intervient à une semaine des élections municipales. Si pollution il y a, c’est pourtant la mairie de Paris qui l’a organisée en créant des embouteillages monstres via le rétrécissement des voies de circulation par des couloirs de bus et des pistes cyclables. C’est Yves Contassot, adjoint Vert à l’Environnement à la mairie de Paris, qui avait vendu la mèche sur l’objectif réel de la mise en place de ces infrastructures :
« Ce n’est qu’en leur faisant vivre l’enfer que nous obtiendrons un jour qu’ils renoncent à leur bagnole. »
Et cela permet à l’équipe municipale et au gouvernement d’apparaître comme des chevaliers blancs au service des Français et au secours de la planète. Ces jours-ci, c’est donc au nom de la lutte contre la pollution que le nombre de voitures a été divisé par deux (on notera que les journalistes, eux, ont échappé à la circulation alternée [1]). Et la police a évidemment été réquisitionnée pour traquer les automobilistes, alors que le nombre de cambriolages est en constante augmentation dans la capitale (+ 26 % en 2013). 700 policiers viennent donc de distribuer 4 000 PV pour faire comprendre la nouvelle donne aux récalcitrants. C’est un système de péage urbain qui se dessine en filigrane et l’on comprend dès lors que le prétexte écologique vise à calquer Paris sur le modèle londonien. Si la bourgeoisie du Paris intra-muros pourra continuer à circuler en automobile (souvent avec chauffeur), le travailleur venant lui de banlieue ou de la grande couronne sera dans l’impossibilité de se payer ce luxe et devra se rabattre sur des transports en commun surchargés.
Transports en commun que le gouvernement protecteur a exceptionnellement rendus gratuits, comme pour montrer que sur certains sujets, on peut encore agir. On notera que ni le gouvernement, ni le préfet n’ont pensé à prendre un arrêté pour rendre légale cette gratuité.
Faire payer aux pauvres une pollution voulue par des bourgeois, au nom du combat écologiste : une arnaque qui pourrait s’avérer payante et favoriser l’élection d’Anne Hidalgo, étant donné la sociologie parisienne.