Philippe Corcuff, maître de conférence payé par les impôts des Français pour traiter une bonne partie de ceux-ci de néoconservateurs xénophobes, sexistes, homophobes et nationalistes – ce qui n’est pas très fair-play –, est de ce fait aussi un universitaire employé par l’État, dont il entend pourtant faire une critique révolutionnaire. Deux contraires s’annulant, notre activiste séditieux en culottes courtes n’est donc pas à une contradiction près.
Pour camper le personnage, on peut déjà relayer son parcours politique : Jeunes Socialistes (1976), Parti socialiste (1977-1992), Mouvement des citoyens (1993-1994), Les Verts (1994-1997), Ligue communiste révolutionnaire (1999-2009), puis NPA (depuis son congrès de fondation en février 2009 jusqu’en février 2013), et enfin un tournant libertaire, avec son adhésion en février 2013 à la Fédération anarchiste. Ouf ! Le ton est donné, le « sociologue » affiché est surtout un militant pur et dur.
Totalement obsédé par tout ce qui lui semble de droite, tout ce qui relève du nationalisme ou d’idées racistes, totalement obnubilé par le sexisme ou l’homophobie, Philippe Corcuff voit partout suinter la haine. À telle enseigne qu’il la voit aussi dans son propre camp. Confinant à la psychiatrie, il discernait déjà il y a 15 ans une insidieuse infiltration d’idées nauséabondes et « conspirationnistes » dans le mouvement altermondialiste aussi bien que chez Noam Chomsky ou Serge Halimi.
Sa nouvelle marotte désormais ce sont deux personnalités qui ont plutôt le vent en poupe : Alain Soral et Éric Zemmour. L’un parce qu’il connaît un succès qui ne se dément pas depuis le début des années 2000, mais de manière underground et plutôt empêché par un système qui sait se défendre (fermetures de toutes les voies de communication grand public, télévision et réseaux sociaux) ; l’autre inversement parce que très présent dans des médias complaisants qui le positionnent en tête de gondole, permettant par ailleurs à CNews de tripler son audimat sur la tranche 19-20h en quelques mois.
Philippe Corcuff les met dans le même panier, ce qui est fort de café lorsqu’on connaît les analyses – mais aussi les rôles, parfois assignés – de l’un et de l’autre. L’important n’est pas les 90 % communs, mais les 10 % qui ne le sont pas. Un intellectuel qui ne travaille que sur les 90 % est un intellectuel qui joue à se faire peur. Et éventuellement faire peur à son auditoire afin de lui servir sa soupe idéologique.
Ainsi, pour notre universitaire militant, il existe un courant qui monte depuis le début des années 2000. Ce mouvement, il le décrit comme un néoconservatisme xénophobe, sexiste, homophobe et nationaliste, et il soutient qu’il est composé de deux pôles, l’un antisémite avec Alain Soral et l’autre islamophobe et négrophobe avec Éric Zemmour.
Je vais montrer quelques personnalités qui sont à la pointe de l’ultra-conservatisme et qui vont créer des confusions ou parfois des interférences avec des thèmes de gauche, puisqu’on a l’impression qu’ils sont très critiques par rapport à ce qu’ils appellent le Système ,dont ils sont hypercritiques, mais en même temps c’est une pensée d’extrême droite assez stabilisée.
Alors deux des personnalités que j’étudie dans le livre qui sont très proches d’une certaine façon, ce sont Alain Soral et Éric Zemmour. Sur les postures, ils disent des choses assez comparables dans 80 % de ce qu’ils disent, mais il y a une petite différence dans le contenu de leur xénophobie. Les deux sont sexistes, homophobes nationalistes, ils ont une sorte d’essentialisation de ce qu’ils appellent le peuple, autour de la nation, mais leur xénophobie n’a pas la même cible. On a un antisémitisme chez Alain Soral qui se camoufle parfois sous l’étiquette antisioniste, et on a une islamophobie et une négrophobie chez Éric Zemmour, qui parfois se camouflent derrière un anti-islamisme.
Pour illustrer ses propos, notre intellectuel sans envergure ni concept prend l’exemple des propos d’Alain Soral concernant l’interview de Vladimir Poutine par Jean-Pierre Elkabbach que nous ne résistons pas au plaisir de relayer, son contenu ayant parfaitement résisté à son ancienneté (2014) :
Quand Poutine ouvre sa gueule, un Elkabbach la ferme, et c’est comme ça que se conçoit un monde qui fonctionne bien, parce qu’il y en a un qui incarne l’autorité légitime et la virilité et l’autre qui incarne la place qu’il aurait du garder depuis toujours, c’est-à-dire une place d’intermédiaire et de courtisan, et au mieux de diplomate, comme du temps où la France était la France.
Mettre Alain Soral et Éric Zemmour dans le même bateau, c’était donc un peu la confusion de trop pour Philippe Corcuff. Ce qui nous fait dire qu’il faut admettre au moins une particularité remarquable chez notre activiste, c’est l’intime communion qui s’est opérée entre son être et son sujet de prédilection, le confusionnisme. En effet la confusion s’est désormais emparée de son cerveau, distillant une analyse paranoïaque et totalitaire qui rate ici totalement son sujet par... confusion.
Ceux qui céderont au plaisir douloureux d’écouter les délires monomaniaques de Philippe cliqueront sur la vidéo ci-dessous (en appréciant auparavant la jolie vignette choisie pour l’illustrer) :