Indécence et cynisme sont les mots qui vont bien pour ce raout mondain qui se félicite du génocide des Palestiniens, qui ne s’en offusque pas, ou qui le justifie.
1ere fois au dîner du #Crif. Édouard Philippe & Gabriel Attal. De dos, Elizabeth Borne, Manuel Valls & Yonathan Arfi, connu à l’UEJF. Beaux discours d’Attal & Arfi. Implacables avec #LFI & #RN. Sur #Rafah : on n’éteint pas un incendie aux 3/4 en laissant brûler le dernier quart. pic.twitter.com/TMlPlAMGEF
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) May 7, 2024
Le Premier ministre a fait son discours, on ne savait pas trop s’il était de la République ou du CRIF, au fond, ça semble être la même chose. On ne savait pas non plus trop si à ce dîner de gala, auquel nous n’étions curieusement pas conviés, nous étions en France ou en Israël. Au fond, ça doit être la même chose. Gabriel le dit à sa façon, avec beaucoup d’émotion, et très peu d’informations.
« C’est un document qui ne me quitte jamais, il est encadré dans mon bureau, c’est un document un peu jauni par le temps, à l’encre légèrement effacée mais dont le sens et l’horreur intacte ont traversé les années. Sur ce document, je lis un nom, celui de ma grand-mère Janine Weil. Je lis cette phrase : le commissaire de police donne acte qu’il a ce jour satisfait à la loi du 2 juin 1941 portant recensement des Juifs.
Car ce document c’est le récépissé qui lui a été donné après avoir retiré son étoile jaune au commissariat en juillet 1941. Cette étoile c’était une condamnation à mort et ce récépissé en était le visage froid, technique, administratif. Ce récépissé je le garde toujours dans mon bureau, comme un rappel, le rappel de l’infamie qu’a commis notre pays en se rendant complice et coupable d’antisémitisme, car dans ces heures notre pays a tourné le dos à son histoire et s’en est pris au siens, aux Français juifs, ostracisés, humiliés, spoliés, déportés.
Le rappel que la haine est sans limite, qu’elle est une machine infernale qui emporte et broie avec elle toute trace d’humanité, le rappel de ce qu’est l’antisémitisme de ce qui a été accompli au grand jour en son nom, de ce qui se passe quand on ne le condamne pas, quand on ne le combat pas, alors pour moi, pour moi qui suis né en 1989, pour moi qui n’ai pas connu la guerre, dont les parents n’ont pas connu la guerre, pour moi, pour ma génération qui a peut-être cru trop vite que le progrès était éternel, que la paix était durable par principe, que la liberté et l’égalité étaient acquises, pour moi comme pour ma génération ce document est un rappel nécessaire, salutaire.
C’est aussi un vertige, vertige de se dire qu’il y a 80 ans seulement on forçait en France des femmes, des hommes, des enfants à porter l’étoile jaune dans la rue. Vertige de comprendre que la mémoire est mortelle à mesure que les voix des derniers survivants s’éteignent, Isabelle Choco, Magda Hollander-Lafond, Claude Bloch, ces derniers mois ont encore été cruels et chacun d’eux portait une part de la vérité qu’il nous appartient de perpétuer.
Mais le plus grand des vertiges c’est celui qui me saisit en regardant l’actualité. C’était il y a huit décennies, mais soyons lucides, cela pourrait être demain. Souvent l’histoire trébuche, elle n’en serait pas à son premier bégaiement, car oui je le dis sans ambage, nous faisons face à une vague d’antisémitisme, une vague d’une ampleur rare, plus forte, plus violente, plus relayée, plus établie qu’elle ne l’a été au cours de ces dernières années.
Cette vague puissante, chacun connaît l’onde qui l’a réveillée, c’est le 7 Octobre. Il faisait beau en Israël ce jour-là, dans des villages, des kibboutz, les fêtes, des familles ne demandaient qu’à vivre ensemble, des enfants à grandir, des jeunes à profiter de l’insouciance de leur âge, des personnes âgées à vieillir en paix, ils ne demandaient rien que de vivre, mais la barbarie en a décidé autrement, mais la monstruosité du Hamas s’est interposée.
L’horreur du terrorisme, de l’islamisme, les a emportés. Ce jour-là, plus de 1 200 personnes ont perdu la vie. Ils avaient tous les âges, toutes les opinions, tous les avenirs. Parmi eux 42 Français, 42 de nos compatriotes emportés dans ce qui est l’attentat le plus meurtrier pour la France depuis le Bataclan. »