Le général de Gaulle aurait dit il y a cinquante ans qu’il n’aimait pas les socialistes parce qu’ils n’étaient pas socialistes. En effet, si on exclut la parenthèse de l’Union de la gauche, on peut se demander si le PS n’a pas toujours oublié l’électorat populaire, d’où le discours de certains de ses dirigeants.
Quand les socialistes virent antisociaux
Comme je le soulignais en 2011, la France a la particularité d’exporter des technocrates socialistes et apatrides dans les grandes institutions internationales, qui deviennent alors les défenseurs les plus zélés d’un néolibéralisme sans complexe et sans nuance : Jacques Delors à la Commission (libéralisation des mouvements de capitaux et de la monnaie unique), Jean-Claude Trichet (le banquier central boucher monétaire de la France, puis de l’Europe) ou DSK au FMI.
Dans ce panthéon de technocrates antisociaux, Pascal Lamy occupe une place particulière. Après avoir été directeur de cabinet de Jacques Delors, puis commissaire européen au commerce, il est devenu patron de l’Organisation mondiale du commerce, où il fait preuve d’un dogmatisme néolibéral encore plus brutal que celui de The Economist. Il s’était déjà fait remarquer pour avoir dit que le SMIC était trop élevé en France, tout en voulant augmenter son salaire de 30 % en pleine crise.
Dans une interview sur RMC, il a dit que le « GPS des Français est un peu détraqué » sur la mondialisation puis que « les Chinois sont payés 5 fois moins que les Français, mais les Chinois sont 5 fois moins productifs que les Français et comme ce qui compte, c’est la productivité horaire, il ne faut pas en déduire que les Chinois font du dumping social ». Il s’agit d’un mensonge patenté : un rapport du CAIRN démontre que le coût salarial unitaire (qui prend en compte la productivité) en Chine est trois fois inférieur à celui de l’Allemagne (et six fois en Inde). Et encore, ce n’est qu’une moyenne.
Le ver est dans le fruit socialiste
En fait, Pascal Lamy est le représentant ultime de ces technocrates « socialistes », dont l’internationalisme pousse à une soumission sans limite aux dogmes néolibéraux, au mépris de la réalité. Car si les industries de main d’œuvre sont parties en Asie du Sud-Est, il est bien évident que c’est parce que les écarts de productivité étaient bien plus faibles que les écarts de salaires. Certains estiment que dans l’industrie, la productivité de la Chine est au moins 60 % de celle de l’Europe…
Du coup, quand on nie cette réalité, il devient possible de dire, comme Pascal Lamy, que : « La solution de la croissance, c’est la compétitivité. » Le problème est que, dans un monde sans frontière, avec des salaires qui sont 5 à 20 fois plus bas que chez nous, cette logique est mortifère. Jusqu’à quel niveau faudrait-il baisser le SMIC pour être compétitif ? The Economist et Goldman Sachs proposent déjà de commencer par une diminution de 30 %, mais ce ne serait qu’un début…
Le plus navrant est que le gouvernement socialiste suit cette logique, comme le montre cette vidéo de Jean-Marc Ayrault, qui fait de la compétitivité le moyen de développer l’emploi. Il vante le crédit d’impôt qui va faire baisser le coût du travail de 4 à 6 %. Mais que pèse 1 ou 2 euros sur un coût horaire de 35 horaires quand nos industriels peuvent le trouver à 7 euros en Pologne ou moins en Roumanie ? Il est effarant que l’équipe au pouvoir ne saisisse pas cette impasse.
Pascal Lamy a également été reçu par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, et Nicolas Dupont-Aignan en a tiré un papier qui rappelle cruellement à quel point ces technocrates apatrides finissent par totalement oublier le drame des chômeurs dans leur propre pays.
Pascal Lamy, comme Laurence Parisot, est favorable à l’immigration de masse :