Les observateurs de la vie médiatico-politique auront remarqué une chose : aussitôt après un attentat islamiste ou perpétré par des Arabes, on assiste à la prise immédiate de parole et de la parole par les représentants ou les voix de l’oligarchie, pour ne pas dire des lobbies dominants, c’est-à-dire, ne tournons pas autour du pot, de la sionosphère.
Le vendredi 18 août 2017, Le Figaro ouvrait grandes ses colonnes à Pascal Bruckner, dont on ignore la fonction réelle, puisqu’il se dit « philosophe », comme BHL, mais qu’il parle et agit comme un homme politique, voire un croisement entre ministre des Affaires étrangères et ministre de l’Intérieur. Il s’occupe principalement d’islamisme, de terrorisme et ce entre la France et israël. Une fonction couvrant un domaine particulier qu’on pourrait résumer par « israéliste ».
Georges Fenech, le même jour, est intervenu sur RMC pour prôner la création d’un renseignement européen, alors que l’Europe politique est un leurre, et que Fenech a déjà proposé d’aligner la France sur la politique israélienne à l’égard des islamistes, soit la répression pure et simple contre les Palestiniens là-bas et les Arabes ici, et cela inclut en bloc les familles musulmanes qui n’ont rien à voir avec les tueries, les familles non musulmanes ou non pratiquantes, les racailles, les islamistes et les djihadistes.
Les tribunes de nos journaux se retrouvent ainsi prises d’assaut par les représentants de la même tendance politique et géopolitique. Et on ne peut s’empêcher de voir dans ces opérations de communication un pack « attentat + tribune », une séquence qui relie l’acte de terreur et la leçon de morale politique qui suit. Il s’avère que cette façon de voir les choses – choses qui s’accumulent depuis deux ans – permet de sortir de l’incompréhension qui suit inévitablement l’acte inqualifiable de tuer des innocents, qui plus est sans aucune revendication, ce qui est pourtant la marque du terrorisme.
Il ne s’agit donc pas de terrorisme, mais d’une opération de terreur, qui ne profite pas à la communauté musulmane de France, pour ne prendre que celle-là. La conséquence en est, on le sait tout, une montée du sentiment anti-arabe, anti-islam, et les confiscateurs de la parole dans les tribunes des grands journaux ne font rien pour réparer cette tension. Au contraire.
Voici deux morceaux de l’entretien donné par Pascal Bruckner au Figaro, des propos qui ne sont pas vraiment ceux d’un philosophe, dont on rappelle la définition assez commune : celui qui éveille le sens de la sagesse chez les autres. Ici, Bruckner n’est pas philosophe mais terroriste, car lui aussi instille la peur. Certes avec des mots et pas avec des armes, mais le résultat est encore de la peur. Peuriste serait plus approprié mais n’existe pas.
« Personne n’est à l’abri. L’image qui me vient est celle de “La Peste” de Camus : un fléau qui s’abat sur une ville innocente. Il n’y a plus d’îlots d’insouciance en Europe. Les lieux de la vie quotidienne, de la salle de concert à la terrasse de café, en passant par l’église et la rue commerçante, sont frappés d’une malédiction potentielle. L’extension du domaine de la lutte djihadiste est universelle. Les terroristes font payer au monde entier le constat de leur propre échec. Il y a trois jours, c’était Ouagadougou, aujourd’hui, c’est Barcelone, demain, ce sera Rome. Ils frappent là où ils peuvent frapper. En Belgique et en France, il y a eu une prise de conscience, alors ils s’attaquent aux villes dont les défenses sont encore faibles. Rappelons que le gouvernement catalan s’est illustré par une politique anti-israélienne très virulente et pro-arabe. Il y a quelques années, il s’était distingué en invoquant une offensive à Gaza pour annuler la cérémonie de commémoration de la journée internationale de l’Holocauste. »
CQFD.
« Avec l’attaque de Charlottesville, on avait pu croire la mise en scène consolante d’une seule extrême droite menaçante pour nos pays démocratiques. Il est frappant de voir le mimétisme de la violence identitaire à travers l’usage de la voiture-bélier à une semaine d’intervalle, par un militant néonazi et des djihadistes. Il y a quelques jours, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, réaffirmait la nécessité de lutter contre le “racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et l’islamophobie” qui “empoisonnent nos sociétés”. Il me semble qu’il a omis le terrorisme islamiste, qui semble être une cause majeure d’empoisonnement. Quant à l’islamophobie, il faut cesser une bonne fois pour toutes d’utiliser ce mot qui empêche toute réflexion sur les problèmes internes à l’islam. Ce n’est pas l’islamophobie qui entraîne le terrorisme, mais le terrorisme qui rend l’islam haïssable et pénalise les musulmans modérés. »
Grâce à Pascale Bruckner (et BHL), l’anti-islamisme virulent sera peut-être un jour reconnu comme une branche noble de la philosophie...