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Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

À moins de deux ans des Jeux olympiques de Paris 2024, et à un an de la Coupe du monde de Rugby 2023, les décideurs publics annoncent de grands projets sécuritaires : la nation tout entière est en ordre de marche vers la Sécurité, comprise uniquement comme pratique policière de la répression et comme industrie de l’équipement de surveillance.

 

Jeux olympiques de Paris 2024. La liesse, la foule, les couleurs, le bruit. Des milliers de spectateurs se pressent dans les allées du village olympique et dans les alentours du Stade de France. Au-dessus d’eux, à peine visibles dans le ciel bleu, des drones bourdonnent. Ils filment en haute définition, et les images sont transmises au sol où des ordinateurs analysent sans relâche l’écoulement fluide de la foule, à la recherche d’un groupe qui chahute ou d’individus dont le comportement trop singulier inquiète : un attroupement sans cause visible, un arrêt prolongé dans un lieu de passage qui ralentirait ou dévierait le flux des spectateurs, ou une personne qui se met brusquement à courir. Le logiciel lance aussitôt une alerte. Sur chaque mât de lampadaire, des caméras pivotent en direction de la zone désignée par l’ordinateur. Alertés, des opérateurs humains se penchent sur les écrans. Les drones convergent pour donner une image plus précise de la situation vue du ciel — point de vue idéal, dispositif panoptique absolu, partout présent et localisable nulle part, un peu comme Dieu mais avec quatre hélices.

Comme 30 000 agents de police sont mobilisés chaque jour pour contrôler et rassurer la foule des touristes, le suspect est vite appréhendé dans une rue de Saint-Denis. Les policiers le photographient avec leur téléphone et soumettent son visage à leurs bases de données, en passant par le fichier du Traitement des antécédents judiciaires (TAJ), qui comporte une très utile fonction de reconnaissance faciale, interrogée plusieurs milliers de fois par jour. Très vite son nom revient, accompagné de toutes les informations dont disposent le fichier des Titres électroniques sécurisés (TES) : son âge, son adresse, ses empreintes digitales et son empreinte faciale. Il est relâché : malgré son aspect maghrébin, qui pouvait motiver une inquiétude bien acquise chez un policier français (de la police française), l’homme n’est pas défavorablement connu des services. En revanche, son comportement anormal ayant troublé l’ordre public et nécessité l’intervention coûteuse et inutile des forces de l’ordre, alors que le risque d’attentat est très élevé, une amende forfaitaire lui est infligée. Soulagé de quelques centaines d’euros, il peut reprendre le cours de sa vie d’innocent en sursis, à condition de ne pas courir.

 

Le désastre sécuritaire qui vient

Cette description relève encore partiellement de la science-fiction, mais plus pour très longtemps. Car l’ambition déclarée du ministère de l’Intérieur — dirigé aujourd’hui par Darmanin, Gérald — est bien de permettre au système sécuritaire français de concrétiser ce cauchemar avant juin 2024. Dans un « Livre blanc de la sécurité intérieure » paru fin 20201 ainsi que dans un rapport annexe à la récente « Loi d’orientation et de programmation du ministère du l’Intérieur » (LOPMI, adoptée à l’Assemblée nationale le 18 novembre 2022), les intentions du ministère sont explicitées sans fausse pudeur : il s’agit d’un « réarmement », selon les mots du ministre lui-même, dans le cadre duquel les outils de haute technologie numérique seront de précieux auxiliaires de police. Casques à vision intégrée, exosquelette de protection, consultation des fichiers à distance, caméras mobiles, reconnaissance faciale en continu, drones, fichage, tout l’arsenal imaginable est envisagé, avec ses besoins de financement et son encadrement législatif, suivant un calendrier qui prend 2024 comme horizon. Tout doit être prêt pour les Jeux olympiques.

L’ambition est bien entendue habillée des meilleures intentions du monde. La légitime protection contre la menace terroriste est abondamment invoquée pour justifier ce déferlement sécuritaire. Darmanin parle de « terroristes islamistes, de l’ultra-droite et de l’ultra-gauche », et affirme que les renseignement feront un « effort » pour « maîtriser » ces personnes en amont des JO. Ce n’est pas sans rappeler la COP 21 de 2015, quand nombre de militants écologistes avaient été perquisitionnés, arrêtés pour certains, et assignés à résidence un peu avant le début de l’événement.

 

Apparition de la Technopolice

La Quadrature du Net, dont l’objet est la défense des droits et des libertés fondamentales à l’ère du numérique, s’intéresse activement depuis 2018 aux pratiques de surveillance technologique dans les villes françaises, que nous appelons la Technopolice. Tout est parti d’un article de presse au sujet d’un projet municipal, à Marseille, de construire un « Observatoire de la Tranquillité publique », qui devait mettre le big data au service de la sécurité. Le nouveau centre de supervision urbain (CSU) — endroit où arrivent les flux vidéos de toutes les caméras de vidéosurveillance — devait également centraliser toutes les données numériques produites par les services de la ville : trafic routier, police municipale, marins-pompiers, hôpitaux, etc. L’ambition : malaxer cette montagne de données quotidiennes avec des algorithmes d’intelligence artificielle pour dégager des motifs, des récurrences, des lois, bref, des éléments signifiants, dans l’espoir d’anticiper la délinquance ou les perturbations de l’ordre public.

Il nous a aussitôt paru nécessaire de mettre en lumière ce qui se passait à Marseille et sans doute dans d’autres villes les françaises. Pour cela, nous avons utilisé un outil démocratique intéressant, le « droit d’accès au documents administratifs » que tous les citoyens peuvent exercer auprès des administrations, sous le contrôle d’une commission nationale (la Cada). Nous avons donc demandé aux mairies, par courrier, leurs délibérations et leurs appels d’offres en matière de dispositifs numériques de sécurité.

[...]

Les JO, un grand accélérateur de sécurité

Dans ce contexte de monomanie sécuritaire — dernier pouvoir d’un État réduit à son squelette régalien, et confiné dans un rôle d’orientation des fonds publics vers l’entreprise privée — les Jeux olympiques sont une aubaine : pouvoir légaliser des pratiques (policières), financer une économie (industrielle) et fabriquer de la sécurité.

La Coupe du monde de Rugby 2023 et surtout les Jeux olympiques de Paris 2024 sont explicitement envisagés comme des rendez-vous pour les forces de surveillance, car ils permettront de faire entrer dans le droit commun des pratiques jusqu’alors illégales, et de faire sauter le verrou qui bloquait la massification d’usages policiers encore marginaux, et de faire perdurer, bien au-delà de la période des JO, les moyens déployés spécifiquement pour ces derniers.

C’est le célèbre effet cliquet : un événement exceptionnel justifie des mesures exceptionnelles qui ne seront jamais remises en cause par la suite. On se souvient par exemple que de nombreuses mesures de « simplification » administrative et judiciaire, prises lors de la longue période d’état d’urgence qui a suivi les attentats du 13 novembre 2015, ont ensuite été versées au droit commun par la loi Sécurité intérieure du 31 octobre 20174. Le pays baigne de fait dans un état d’exception permanente.

Lire l’article entier sur laquadrature.net

Le projet de loi « olympique »

Comme prévu, sur E&R :

 






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53 Commentaires

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  • #3133992
    Le 3 mars 2023 à 23:16 par anonyme
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    Moi je n’ai pas besoin de ces jeux et ils n’auront pas lieu .

     

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  • #3134008
    Le 4 mars 2023 à 00:10 par abene
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    La mafia au pouvoir ne pourra pas mettre les "incivilités" sur le dos des supporters anglais, puisqu’il y aura les images. Je ne doute pas qu’ils arriveront à nous sortir un numéro d’inversion accusatoire ou un gros mensonge de plus toutefois.

    La cérémonie d’ouverture à Londres comprenait plein d’images subliminale, en l’occurrence l’annonce du covid. On voyait des lits d’hôpitaux, des infirmières, un virus. La cérémonie de Paris aura le même objectif : cette fois ce sera la promotion de la surveillance de masse permanente qui sera à l’honneur. Projet de davos. Inutile de préciser que les dispositifs de surveillance (du gaulois !) Resteront en place après les JO.

     

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  • #3134012
    Le 4 mars 2023 à 01:02 par Yannick
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    Si tout le monde vient avec un parapluie ouvert , il dit quoi l’algorythme ?
    Ils seront obligés d’interdire les parapluies, puis les masques, puis les capuches, puis les foulards, puis les écharpes...
    Au final ils équiperont les drones d’armes punitives, de rayons, d’ondes, de taser, et infligeront des amendes à tout va.
    Mais bon, vindiou, à la campagne on devrait être tranquille encore quelques temps, faudra juste éviter les stades, les foires, les brocantes et les marchés de Noel, euh non pardon les marchés d’hiver.

     

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  • #3134060
    Le 4 mars 2023 à 07:44 par Palm Beach Post : "Cult !"
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    les vrais sportifs ne la ramènent pas

    le mec qui va faire son petit jogging, sans dossard, sans maillot sponsorisé

    dès que tu passes au niveau professionnel, c’est fini
    d’ailleurs c’est ainsi qu’on les appelle, les professionnelles

    un spectacle merdique, truqué
    la plupart des gens le savent, que c’est de la merde
    mais un peu plus, un peu moins à bouffer chaque jour...

     

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  • #3134081
    Le 4 mars 2023 à 08:51 par raoul
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    Pour commenter la toute première partie du texte, je ne vois pas ce que vous reprochez aux policiers, c’est leur métier ! Ils connaissent les chiffres que l’on nous cache sur le taux de criminalité des ADN (africains de nord) !... Donc oui, ils réagissent comme il se doit ! Le nier, fait de vous des "insoumis" (comprendre membres de LFI), des négationnistes de l’invasion !
    Mais comme pour Mélenchon, ils doivent cotiser chez vous....

     

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  • #3134109
    Le 4 mars 2023 à 09:54 par Horace
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    Dans mon village, bien tranquille, aux maisons sages, on vient d’installer des cameras partout sur des kilomètres jusqu’à la route nationale qui est elle même bien pourvue. Même les bois aux alentours du village en sont truffés. J’en ai parlé à ma voisine, adorable au demeurant, elle m’a répondu que ça la dérangeait pas puisqu’elle n’avait rien à cacher. Mais rassurez vous, elle portait, tout de même, une robe.
    Donc tout va bien.

     

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    • #3134483

      Oui, même dans les petites bourgades tranquilles, les caméras s’imposent dans le paysage. D’abord discrètement puis à la vue de tous…ça ne dérange personne,.,

       
  • #3134111
    Le 4 mars 2023 à 09:57 par Sabotage
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    2024 aucun intérêt gardez votre argent pour payer votre pain, et le reste... " Il court le furet, le furet du bois jolie, il est passé par ici et il repassera par là ...

     

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  • #3134176
    Le 4 mars 2023 à 11:56 par Bravo
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    Tant qu’il y aura des idiots qui accepteront de travailler, de consommer, d’investir et de payer des impôts à l’Empire au lieu de se tirer, l’Empire continuera à les manipuler, à s’enrichir en les accablant de contraventions, d’impôts, de cotisations dites sociales, de frais en tout genre, à violer leurs droits les plus élémentaires, à détruire tous les services publics, à détruire les églises, à déporter des millions de migrants en Europe, à les contraindre à remplir des kilomètres de documents administratifs, à leur faire manger des insectes, à leur injecter des substances de composition non-transparente,... Les générations futures diront que Monsieur Soral était extrêmement modéré.

     

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  • #3134501
    Le 5 mars 2023 à 03:07 par john
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    on a l’impression que la quadrature du net passe à côté du sujet.
    La surveillance généralisée ça va avec des processus automatisés, il n’y aura justement plus de policiers pour savoir si Mr est magrébin , il y aura simplement un fait constaté, nécessitant ou pas une interpellation, et tout le reste sera traité automatiquement avec possibilité de faire un recours après coup.

    En attendant que des robots de chez boston Dynamic remplacent les policiers.
    on ne les taxera pas de racisme systémique ou dieu sait quoi, ils tazeront tout le monde pareil.

     

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  • #3134526
    Le 5 mars 2023 à 05:03 par Palm Beach Post : "Cult !"
    Paris 2024 : les Jeux olympiques de la surveillance

    on va être emmerdés

    on sait que le niveau de compétences a gravement chuté
    ça va être foireux comme d’habitude
    la délinquance se réjouit des opportunités offertes

    je suis de la banlieue, du 93
    et ça fait des années que je ne vais plus à Paris
    sauf pour des raisons pratiques
    mais ce que je veux dire, c’est que le rêve s’est envolé

    on est mieux dans ma banlieue
    mais comme ils n’ont pas les infrastructures dans Paris,
    ils vont venir nous faire chier
    "ça va créer des emplois"
    lol
    tu sais ce que ça rapporte, le shit, la coke ?
    publiez les chiffres
    un des départements parmi les plus pauvres de France...
    golri

     

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