Drôle d’époque, notre vie privée attire les convoitises. Pourtant elle est justement privée mais depuis l’arrivée d’Internet et de l’informatique, nous pouvons être traqués dans nos moindres faits et gestes dans nos vies en ligne.
Gallimard ne sait rien de nos lectures. Amazon connaît tous nos achats et nous observe lorsque nous sommes sur sa liseuse Kindle. Universal ne connaît pas nos goûts musicaux. Spotify sait chaque seconde d’écoute. Le barman n’a que faire de nos conversations entre amis. Facebook les analyse toutes.
Maintenant qu’une grande partie de nos vies est numérique, notre vie privée est devenue une bataille où s’affrontent violeurs et défenseurs de vie privée.
Nous allons analyser les différents acteurs et le business des données sur Internet. Pour ceux qui veulent protéger leur vie privée, je vous invite à regarder une de mes vidéos sur le sujet.
Les violeurs de vie privée
Marketing
Bien sûr, on pense à Facebbok, Google ou Microsoft. À eux trois, ils gèrent les principaux messages envoyés par Internet avec Messenger, Whatsapp, Gmail et Outlook. Ils disposent de 84 % des smartphones dans le monde avec Androïd et 75 % des ordinateurs avec Windows et ChromeOS. Ils contrôlent les principaux réseaux sociaux avec Facebook, Instagram, YouTube et LinkedIn. Ils ont même un droit de regard sur nos documents avec Office ou GSuite.
C’est déjà énorme et pourtant cela reste la partie émergée de l’iceberg.
Premièrement, la BigTech espionne nos mouvements en dehors de leurs sites. Google dispose de Google Analytics, un module à installer sur un site tiers pour analyser le trafic en échange de laisser Google espionner les visites sur le site web. Le gestionnaire du site peut visualiser les métriques de ses visites.
Google Analytics est installé sur 80 % des sites web, ce qui permet à Google de surveiller 80 % d’Internet. Sans oublier le navigateur Google Chrome qui doit permettre de surveiller les 20 % restants.
Facebook n’est pas en reste : lui aussi propose un module à installer sur les sites, le Facebook Pixel. Ce composant se transforme en mouchard pour analyser le trafic des sites où il est présent.
Deuxièment, à côté des BigTech, il existe des milliers d’entreprises pour collecter nos données, les revendre, puis les mettre aux enchères.
Oui vous avez bien lu, nos données finissent aux enchères, il y en a chaque fois que vous visitez un site web.
Par exemple, vous naviguez sur Internet à la recherche de vos prochaines vacances. Tout votre parcours est analysé, un profil marketing circule avec vous sur Internet (homme à 80 %, CSP+ à 60 %, recherche vacances à 90 %).
À chaque site visité, ce profil est mis aux enchères (Programmatic advertising), des robots vont se battre durant quelques millisecondes pour le compte d’annonceurs. Dans votre cas, une bataille entre hotels.com contre trivago.com. À la fin, le gagnant aura le droit d’afficher sa pub devant vos yeux.
Tout ce processus se rejoue sur chaque site entre le moment où celui-ci s’affiche et que la pub apparaît.
Mercenaire 2.0
On restait jusqu’ici dans la sphère du marketing. Il existe aussi des entreprises de surveillances d’Internet au service des gouvernements, des mercenaires du numérique 2.0.
L’entreprise Palantir propose d’analyser les immenses données des citoyens en ligne pour les États, une sorte de NSA clé en main. Le gouvernement français l’utilise et même le NHS britannique a utilisé ses services durant le covid.
On peut aussi citer NSO avec son logiciel Pegasus. Il sert à pirater le téléphone de n’importe qui. Son but est bien sûr de traquer les terroristes et les pédophiles. Il n’a toujours pas permis de retrouver les clients d’Epstein. Mais il a déjà été utilisé 50 000 fois au moins pour espionner des journalistes et militants des droits de l’Homme comme Ahmed Mansoor ou même des politiques. Le Maroc a utilisé ce logiciel pour espionner le téléphone de Macron.
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