La fin du rêve européen se rapproche, et bientôt, des millions d’Européens se réveilleront dans un monde où l’euro tel que nous le connaissions ne sera plus. Ce sera le chaos économique, affirme un texte qui se présente comme le « guide de survie de l’euro », publié sur le blog The Baseline Scenario.
L’euro s’effondre peu à peu, et cet effondrement est l’aboutissement logique d’un déclin progressif marqué par de nombreuses étapes décisives. Les élections prochaines en Grèce du 17 Juin prochain constituent l’une de ces étapes.
Même si les partis favorables au maintien de l’austérité parviennent au pouvoir, ils ne pourront juguler la sortie de la Grèce de l’euro, affirment les auteurs, Peter Boone et Simon Johnson.
La fuite des capitaux, le refus de certains contribuables de payer leurs impôts, et la suspension des paiements aux fournisseurs de certaines sociétés qui attendent la mise en place d’une nouvelle drachme dévaluée pour réduire leurs paiements, sont en train de précipiter la survenance du « Grexit ».
La troïka formée de la Commission européenne, de la BCE et du FMI ont échoué jusqu’à présent à relancer l’économie grecque, et un nouveau plan de sauvetage serait voué à l’échec. La situation politique du pays sera instable, compte tenu de la profonde récession, du chômage élevé, des nouvelles coupes budgétaires et de la longue liste de promesses non tenues de toutes sortes de politiciens. Plus aucun investisseur ne voudra placer son argent en Grèce.
Mais le drame de la sortie de la Grèce de l’euro ne sera qu’une étape de plus dans le processus de l’implosion totale et chaotique de la zone euro. Après le Grexit, les contribuables européens se retrouveront confrontés à des pertes financières énormes, issues des manœuvres de leurs dirigeants pour conserver la Grèce dans la zone euro : 187 milliards de d’euros de prêts du FMI et du FESF et 155 milliards d’euros de dette directe auprès de la BCE et des 17 banques centrales nationales, qui ne seront jamais remboursés.
La sortie grecque révélera que la BCE a pris beaucoup de risques sur les pays de la périphérie, représentant environ 1.100 milliards d’euros au total. Cette découverte inquiétera les contribuables et les investisseurs, qui perdront davantage confiance en l’euro, et elle accélérera la fuite des capitaux dans ces pays.
La BCE ne pourra plus tenter d’enrayer cette nouvelle crise car les Allemands ne seront plus prêts à en supporter les conséquences. Ce retrait du soutien allemand intensifiera l’inquiétude des investisseurs, la suspension des investissements et le retrait des capitaux des banques des autres pays de la périphérie. Ce mouvement assèchera les liquidités des banques, conduisant à un credit crunch, davantage de récession, et à des troubles sociaux.
Le fardeau de la dette deviendra insupportable pour les pays de la périphérie, la situation économique de plus en plus incertaine, et le cours de l’euro contre les autres devises sera en chute libre.
La BCE sera obligée d’émettre des prêts pour compenser les sorties de capitaux et soutenir les Etats de la périphérie. Les investisseurs se demanderont si ces pays pourront effectivement rembourser leurs dettes, ce qui fera monter les taux d’intérêt des obligations dans la zone euro, y compris pour l’Allemagne. Ces créations monétaires généreront de l’inflation que les Allemands ne pourront pas tolérer, et cela les motivera à quitter la zone euro. A ce moment-là, l’euro implosera de façon désordonnée et la crise financière qui en résultera sera bien pire que celle de 2008.
« Pendant les trois dernières années, les politiciens européens ont promis « de faire ce qu’il fallait » pour sauver l’euro. Il est désormais évident qu’ils n’ont pas le pouvoir de tenir cette promesse, parce qu’elle exige des efforts que leurs électeurs ne sont pas disposés à fournir.
Personne ne sait pendant combien de temps ils peuvent encore repousser l’échéance de l’effondrement total de l’euro, peut-être quelques mois, ou même de quelques années, mais nous nous avançons graduellement vers une fin épouvantable.(…) Pour les officiels de l’Europe et du FMI, avec le soutien des Etats Unis et des autres, il est l’heure de préparer le démantèlement de la zone euro. Une dissolution vraiment ordonnée semble impossible, mais il existe des moyens de réduire le chaos. (…) L’Europe doit sauver ses grandes réalisations, incluant le marché libre et la libre circulation des travailleurs sur le continent. »