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Comme l’a rappelé le directeur de Mouv’, Bruno Laforestrie, les artistes exercent leur liberté d’expression mais ne sont pas au-dessus des lois de la République. Sans jamais le programmer, Mouv’ a repéré il y a un an Freeze Corleone et la radio avait la première interrogé publiquement le caractère antisémite de certains titres.
Un an après Universal Music en faisait le nouveau phénomène du rap, assurant les meilleurs ventes d’album aujourd’hui avec plus de 16 millions de stream.
Son succès est dû à sa marque de fabrique : un flow autour de punchlines qui heurtent, le tout porté par un personnage obscur.
Mais jamais le débat n’a eu lieu, jamais l’artiste ne s’est exprimé. Voilà notre échec collectif.
Or, depuis une semaine, l’artiste a été supprimé des plates-formes vidéos et la menace de la suppression de son catalogue plane. Universal qui l’avait pourtant bien signé le lâche sans autre forme de procès.
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À sur-réagir comme nous le faisons, nous rajoutons de la tension là où il faudrait de l’éducation.
Je ne parle pas de l’artiste ici.
Seulement, croire en la France c’est d’abord mettre en place des solutions républicaines qui dépassent le stade de ce qu’il fallait démontrer du rappeur, pour engager un travail de fond avec notre jeunesse qui l’écoute.
Contrairement à l’époque où nous avions encore des grands-parents rescapés qui allaient témoigner dans les écoles, les jeunes ne sont plus conscients de ce que la Shoah veut dire pour les juifs, ni ce qu’elle a pu être notamment pour les homosexuels et les Noirs !
Certains jeunes, que j’ai pu interroger, pensent que Freeze Corleone dénonce des injustices, sans arriver précisément à me dire lesquelles. D’autres encore ont le sentiment qu’on les infantilise, lorsque nous pensons qu’il ne savent pas faire la part des choses entre les codes hip-hop, le personnage des clips et la vraie vie, sans compter ceux qui ne comprennent pas la disponibilité d’un gouvernement qui s’attaque à leur rappeur, « comme si les dirigeants n’avaient que cela à faire en pleine pandémie de la Covid », je cite.
Avec Freeze Corleone, nous sommes dans la personnification, sans regarder le problème global à la source : nous ne vivons pas sur la même planète que celle de nos enfants.
Nos codes, nos références, nos valeurs, nos histoires n’ont rien à voir avec leurs préoccupations, nous sommes dans deux mondes différents : CNews versus Instagram, JDD versus Tik Tok.
Au lieu de prendre nos responsabilités d’adultes pour recoudre avec la jeunesse par la transmission, l’éducation, la création nous agissons par la punition, pour montrer l’exemple ! Or, ce positionnement sans explication ne fait que cristalliser la haine. Voulons-nous créer un Dieudonné 2.0 ?
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Il est temps de prendre nos responsabilités à bras le corps. Le darknet ou les réseaux qui alimentent la majorité des jeunes doivent faire l’objet d’un débat, dans de nouveaux médias, à l’école, dans nos familles, partout. Il est important que les professeurs de l’Éducation nationale parlent de cette affaire Corleone dans leurs classes, que des personnalités artistiques en lien avec l’éducation nationale puissent intervenir dans les établissements pour conduire notre jeunesse à raisonner par elle-même, pour elle-même.
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