L’Iran est le grand perdant de la cérémonie des Oscars 2013. En décernant au film Argo, du réalisateur Ben Affleck, la statuette du meilleur film de l’année, l’establishment hollywoodien a posé un geste de pure propagande politique.
De plus, c’est la première dame des Etats-Unis, Michelle Obama, qui a annoncé la victoire des producteurs George Clooney et Ben Affleck pour leur film anti-Iran. Il est difficile de faire mieux en terme de propagande politique.
L’opération de propagande n’est pas très subtile et ce, pour plusieurs raisons. Premièrement, ce film ne méritait probablement aucune de ces nominations aux Oscars. Argo est un film assez bien fait, un thriller bien ficelé, mais pas un prétendant au meilleur film de l’année. Bien que l’auteur de ces lignes est parfaitement en mesure de faire une critique de qualité de ce film, voyez plutôt ce qu’en ont dit les critiques officiels des médias de masse, afin que le lecteur soit davantage convaincu.
Philippe Rezzonico, critique cinéma de Radio-Canada présentait les arguments suivants (très justes d’ailleurs) pour justifier le fait que ce film ne devait pas gagner le grand prix : « Des largesses scénaristiques, une réalisation convenue, aucun premier rôle masculin ou féminin en nomination pour l’Oscar et l’absence d’Affleck dans la prestigieuse catégorie du meilleur réalisateur ». Normalement, ces seuls éléments n’aurait pas permis à Argo de devenir le meilleur film de l’année.
Marc-André Lussier de La Presse est encore plus cinglant dans son analyse du film. Au sujet des personnages iraniens dans le film, il écrit : « Tous les personnages iraniens montrés dans Argo sont grossièrement dessinés. On en tire un portrait collectif répugnant. » Oui, monsieur Lussier, c’est ce qu’on appelle de la propagande anti-Iran et d’ailleurs, c’est ce que vous confirmez dans les derniers paragraphes de votre critique :
« Critiquer un régime est une chose ; insulter l’ensemble d’un peuple de plus de 75 millions d’habitants en est une autre. Il y a une vingtaine d’années, Jamais sans ma fille, aussi inspiré d’une « histoire vécue », avait suscité le même genre d’indignation. Depuis cette époque, l’Iran a officiellement intégré « l’axe du mal » dans l’imaginaire collectif occidental, gracieuseté de George W. Bush et du suave Mahmoud Ahmadinejad. Caution morale en main, Hollywood n’a désormais plus aucun scrupule. Ce constat est d’autant plus regrettable que Ben Affleck a visiblement pris soin de construire l’histoire d’Argo de façon crédible au départ. Tout ce capital est toutefois gaspillé par la mise en place d’un dernier acte complètement ridicule. Les fameux « faits réels » ayant pris le bord depuis longtemps à cette étape, les personnages – iraniens en particulier – semblent alors tout droit sortir d’une bande dessinée. Plus rien ne tient. On peut être insulté en tant qu’Iranien. On peut aussi être insulté en tant que cinéphile. »
Il n’y a pas que les critiques qui ont trouvé le film injuste pour les Iraniens (et pour les Canadiens de surcroît), il y a aussi l’ex-ambassadeur du Canada en Iran, Ken Taylor, véritable acteur de la véritable prise d’otage illustrée dans le film. Le 7 février dernier, il a affirmé devant des étudiants de l’Université Ryerson à Toronto que le scénariste Chris Terrio « n’a aucune idée de ce dont il parle ». Taylor a accusé le scénariste d’avoir inclus dans le film « une pléthore de libertés artistiques, incluant le fait de dépeindre le peuple iranien en « noir et blanc », des scènes montées de toutes pièces, ainsi que la suggestion selon laquelle il a été à peine plus qu’un simple observateur des actes héroïques de la CIA. » Selon Taylor, son personnage dans le film n’a qu’un seul talent, soit « celui d’ouvrir et de fermer une porte ». Pourtant, l’ancien président Jimmy Carter a affirmé à la télévision récemment que « 90 % des contributions aux idées et à la réalisation du plan étaient canadiennes ». Ce n’est évidemment pas ce que l’on voit dans le film.
- George Clooney devant le CFR
La deuxième raison qui nous pousse à croire (ou à tout simplement constater) que la victoire d’Argo aux Oscars n’est que pure propagande politique contre l’Iran, c’est la filiation politique qu’ont les producteurs George Clooney et Ben Affleck avec le plus puissant think tank mondialiste des Etats-Unis, le Council on Foreign Relations (CFR). On sait que Clooney est officiellement membre de cette organisation qui compte comme membres les hommes et les femmes les plus puissants des Etats-Unis comme la famille Clinton (la fille Chelsea incluse), la famille Bush, les Rockefellers et même le Canadien Paul Desmarais Jr. qui est sur la liste des Global Board Advisers du CFR.
- Ben Affleck à une conférence organisée par le CFR
Ben Affleck n’est pas sur la liste officielle des membres, mais il participe en tant que paneliste lors de conférence organisée par le CFR. De plus, Affleck est un proche de John Kerry (un Skull and Bones), le nouveau secrétaire d’état des Etats-Unis et membre du CFR. Affleck est également pressenti comme un éventuel membre du Congrès américain en tant que sénateur. Malgré qu’il ne se présente pas pour l’instant, la porte est bien ouverte pour lui. Lors d’une conférence organisée par le CFR à laquelle Affleck participait en compagnie de l’ancien président de la Banque mondiale, James D. Wolfensohn, un des membres du panel lui a dit : « je crois qu’il y a un siège du Congrès en Californie qui a votre nom inscrit dessus ». Tout le monde a applaudi et tout le monde a rit.
Faut-il donc s’étonner que Clooney et Affleck aient produit et réalisé un film qui se moque du peuple iranien, qui rend gloire à la CIA et qui traite le Canada comme une simple couverture médiatique ? Non, il ne faut pas s’en étonner, surtout au moment ou le CFR ne fait que publier document après document pour expliquer comment et pourquoi il faut tout faire pour renverser le régime iranien. Vous vous dites peut-être : ce n’est qu’un film voyons ! Non, c’est de la pure propagande politique contre l’Iran.
- Ben Affleck et John Kerry
Les médias iranien l’ont bien compris, car la télévision publique iranienne a qualifié la cérémonie des Oscars 2013 « la plus politique de tous les temps ». L’intervention de Michelle Obama pour présenter l’Oscar à Argo « renforce les doutes que la récompense du film avait des motifs politiques », selon la télévision iranienne. L’agence de presse Fars a qualifié Argo de « film anti-Iran » qui est financé par une « entreprise sioniste » en faisant référence à la compagnie Warner Bros.