Sur fond de tensions croissantes entre Washington et Pékin sur les conditions d’accès offertes par Pékin aux experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) lors de leur enquête, l’OMS a décidé de ne pas publier leurs conclusions provisoires.
L’équipe d’experts de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dépêchée en janvier à Wuhan en Chine, pour enquêter sur les origines de la pandémie de Covid-19, a décidé de ne finalement pas publier ses conclusions provisoires, a rapporté jeudi le Wall Street Journal.
La décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine sur les conditions d’accès offertes par Pékin aux experts de l’OMS lors de leur enquête.
Le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus avait annoncé le 12 février que l’équipe d’experts publierait rapidement un rapport provisoire qui résumerait brièvement leurs travaux de recherche en Chine, qui avaient duré un mois, avant un rapport plus complet attendu quelques semaines plus tard.
Mais ce rapport provisoire se faisait encore attendre jeudi, plus de trois semaines après la conclusion de leur mission.
« Par définition, un résumé ne comprend pas tous les détails (...). Alors puisqu’il existe un tel intérêt dans ce rapport, un résumé seul ne satisferait pas la curiosité des lecteurs », a déclaré l’expert qui est à la tête de l’équipe d’enquête, Peter Ben Embarek, au Wall Street Journal.
Un rapport complet à venir dans les prochaines semaines
L’OMS prévoit désormais de publier « dans les prochaines semaines » un rapport complet qui comprendra des « conclusions majeures », selon un porte-parole de l’organisation, cité par le quotidien américain.
Lors d’une conférence de presse jeudi, le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price a appelé à ce que Pékin fasse preuve de « transparence ».
« Ce que nous avons indiqué clairement depuis plusieurs semaines, c’est que nous avons de profondes inquiétudes sur la manière dont les premiers résultats de l’équipe d’enquête sur le Covid-19 ont été communiqués, et des interrogations sur le processus sous-jacent pour arriver à ces résultats », a-t-il affirmé.
Dans une lettre ouverte publiée jeudi, 24 chercheurs internationaux ont appelé à une nouvelle enquête, indépendante et plus approfondie, dénonçant des « limitations structurelles » imposées aux travaux des experts de l’OMS au moment de leur visite en Chine.
Les États-Unis et des experts de l’OMS font pression sur la Chine depuis la fin de l’enquête pour que Pékin fournisse davantage de données, alors que les travaux d’investigation se sont achevés sans conclusions définitives.
« Nous voulons plus de données. Nous avons demandé plus de données », avait alors déclaré dans un entretien avec l’AFP le Dr Ben Embarek.
Les experts avaient semblé exclure l’hypothèse que le virus ait pu s’échapper de l’institut de virologie de Wuhan, comme l’administration Trump l’affirmait. Lors d’une conférence de presse à la fin de leur mission, ils avaient estimé qu’il s’agissait d’une hypothèse « hautement improbable ».
Mais le directeur général de l’OMS avait peu après rectifié le tir en affirmant que « toutes les hypothèses restent sur la table » pour expliquer l’origine de la pandémie.