Le groupe de Patrick Drahi a annoncé un dispositif censé garantir l’indépendance du quotidien, dont il s’engage à éponger les dettes.
Une nouvelle ère va s’ouvrir pour Libération. Altice France se sépare du journal pour le transférer dans une société à but non lucratif, un dispositif analogue à celui en place à Mediapart – et en réflexion au Monde – censé garantir l’indépendance du titre, dont les dettes seront épongées.
« Cette nouvelle structure garantit à Libération sa totale indépendance éditoriale, économique et financière » et sera « présentée aux instances représentatives du personnel », précise le groupe dans un courriel envoyé en interne et consulté par l’Agence France-Presse (AFP) jeudi 14 mai. « Les droits actuels de la rédaction seront intégralement maintenus et garantis », ajoute le texte. Cette nouvelle structure déclenche l’ouverture d’une clause de cession (un dispositif qui permet des départs volontaires) dans le journal qui compte deux cents salariés, et qui avait été renfloué en 2014 par le magnat des télécoms Patrick Drahi, en devenant le principal actionnaire.
Concrètement, Altice France (également propriétaire de BFM-TV, RMC et SFR) va créer un « fonds de dotation pour une presse indépendante », qui acquerra, par l’intermédiaire d’une filiale (Presse Indépendante SAS), le journal, sa régie et sa société de développement technologique. Ce dispositif s’inspire de celui adopté par le site Mediapart en 2019, lui-même imaginé à partir du modèle unique au monde du Scott Trust, qui protège depuis les années 1930 le quotidien britannique The Guardian.
Le groupe Altice s’engage à « doter substantiellement ce fonds de dotation pour permettre à Libération de rembourser l’intégralité de ses dettes mais aussi de lui donner, progressivement, les moyens nécessaires au financement de son exploitation future et ainsi garantir son indépendance à long terme ». Libération « deviendra ainsi la propriété d’une structure non cessible et non capitaliste à but non lucratif », souligne le groupe de médias et de télécoms de Patrick Drahi.
Les dettes de Libération, qui n’est pas bénéficiaire, contrairement à Mediapart, se situent entre 45 et 50 millions d’euros, de source interne à l’AFP.
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