Le drame récent de Toulouse où une petite fille a été enlevée le 15 avril, violée puis abandonnée au cours de la nuit par son agresseur va sans doute encore susciter une polémique même si apparemment rien en l’état ne permet de mettre en cause la nature même du processus judiciaire dans lequel cet individu s’est trouvé inséré (20 minutes, nouvelobs.com).
Celui-ci est sorti de prison en 2010 à la suite d’une condamnation aux assises en 2009 pour agression sexuelle sur mineur de quinze ans. La sanction avait été de deux ans d’emprisonnement avec obligation de suivi médical durant cinq ans.
En 1996 déjà, il s’était vu infliger par une autre cour d’assises, pour viol sur mineur de quinze ans et séquestration, une peine de quinze années de réclusion criminelle, les faits ayant été commis en 93-94.
Le suivi médical ordonné en 2009, avec les consultations psychiatriques et psychologiques auxquelles, libéré, le mis en cause devait se soumettre, paraît avoir été respecté. Ce qui manifeste qu’une forme de normalisation superficielle, d’adhésion à un traitement, la volonté de ne pas aller à l’encontre d’un contrôle de soi sont compatibles avec l’émergence de terribles pulsions qui viennent jeter le crime dans les interstices d’une existence donnant l’impression d’être rassurante. Le suivi, au fond, ne garantit rien même s’il tranquillise surtout ceux qui l’édictent, parfois ceux qui y seront astreints.
Pour le parcours criminel qui nous occupe, il y a une particularité qui n’est pas rare et ouvre un gouffre sur certaines psychologies. Selon le procureur de la République de Toulouse, l’auteur du viol – il l’a reconnu selon les informations diffusées -, le jour même du crime, le vendredi 15 avril, a consulté comme il avait l’obligation de le faire.
Quelle étrange relation est établie donc, pour un homme en proie à une irrésistible tension, à de sombres et malfaisantes tentations, entre ce qui vise à le soigner et ce qui va le déborder et le dépasser peu de temps après ? Se joue-t-il comme une comédie qui le conduit à juxtaposer le meilleur – l’esquisse d’une amélioration de son état – avec le pire qu’il pressent ou non ?
Quel est ce phénomène qui quasiment dans le même mouvement mêle la tentative de domination de sa nature avec cette consultation et la libération sans frein de ce que celle-ci était censée apaiser ? N’est-on pas fondé, devant cette pauvre mécanique humaine si prompte à détruire la bonne volonté née d’une contrainte institutionnelle, à s’abandonner au découragement ? Le corps est plus fort que les règles et l’humus trouble que toutes les limites judiciairement posées.
On consulte puis on viole. Parce que la consultation vient d’une injonction et que le viol vient malheureusement de soi.
Devant de telles certitudes si peu exaltantes, l’humanisme, entre les sulpiciens naïfs et les sévères obtus, est une lutte.
D’abord contre soi.