Vous n’avez pas pu y couper, dans votre épicerie, votre parfumerie ou même votre chocolaterie favorite (expérience vécue !), des rubans roses ont fleuri depuis plusieurs jours : c’est « Octobre rose » ! Il s’agit d’une campagne annuelle mondiale de communication destinée à sensibiliser les femmes au dépistage du cancer du sein et à récolter des fonds pour la recherche.
Le symbole de cet événement est hyper genré, ce qui est choquant, mais l’escroquerie ayant commencé dans les années 80, le rose n’était encore pas persona non grata pour symboliser les femmes. Ça c’est le point positif (jusqu’à quand ? Nous parions sur Octobre arc-en-ciel bientôt, afin d’inclure les hommes enceints et autre non-binaires).
Pour les critiques, en revanche, elles sont nombreuses : manque d’information sur les risques potentiels du dépistage, comme les surdiagnostics et les faux positifs, présentation parfois biaisée ou exagérée des bénéfices du dépistage, aspect commercial de la campagne initiée à l’origine par des marques de cosmétiques, mais aussi la pression sociale et émotionnelle exercée sur les femmes pour participer au dépistage.
La célèbre revue consumériste* Que Choisir sonnait déjà l’alerte il y a 12 ans, en 2012 :
L’importante controverse scientifique autour de la balance bénéfices/risques (bienfaits surévalués et inconvénients sous-estimés) du dépistage a abouti à un changement de la communication dans de nombreux pays (Danemark, Suède, Canada, etc.), le Royaume Uni lançant même un réexamen des données scientifiques pouvant aboutir à la remise en cause du dépistage organisé. Avec « Octobre rose », la France, elle, continue le matraquage, pour ne pas dire la propagande, autour des seuls bienfaits du dépistage… Trois épines égratignent ainsi le choix éclairé des françaises : une information partielle et obsolète, des injonctions pressantes et culpabilisantes et des médecins intéressés financièrement.
(...)
La bonne information des femmes souffre enfin du mode de rémunération de leurs médecins traitants qui les incitent à prescrire des mammographies. En effet, parmi les indicateurs de performance définis par les pouvoirs publics pour l’attribution de primes aux médecins, figure le pourcentage des patientes qui effectuent une mammographie tous les deux ans. Dès lors, on peut craindre que l’information que les femmes viennent chercher auprès de leur médecin soit biaisée, puisque celui-ci est financièrement intéressé : 245 euros si 80 % de ses patientes âgées de 50 à 74 ans participent au dépistage.
Source : Que Choisir
*consumérisme : de l’anglais consumer (consommateur), mouvement visant à informer et défendre les consommateurs – ceci est la seule véritable définition du mot consumérisme.