Condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis plus de 700 000 documents confidentiels à Wikileaks, Chelsea Manning sera libérée fin mai. Sa fragilité émotionnelle a pesé dans la décision du président sortant, laquelle révolte les républicains.
À trois jours de son départ de la Maison-Blanche, Barack Obama a annoncé mardi soir une nouvelle vague de grâces et de réduction de peines. Sur la liste des 273 condamnés à qui le président a souhaité accorder une « seconde chance », selon les mots de la Maison-Blanche, un nom a retenu toute l’attention : Chelsea Manning, l’ancienne source de WikiLeaks. En août 2013, cette militaire transsexuelle qui s’appelait alors Bradley Manning avait été condamnée par une cour martiale à trente-cinq ans de réclusion pour avoir transmis plus de 700 000 documents confidentiels au site internet fondé par Julian Assange. Libérable en 2045, elle devrait finalement sortir le 17 mai prochain de sa prison militaire du Kansas.
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Ces derniers jours, la rumeur avait enflé, nourrie par des sources anonymes au ministère de la Justice et à la Maison-Blanche. « Le monde regarde et nous espérons que Barack Obama sera du côté de la justice, et que son héritage sera celui de quelqu’un qui s’est battu pour les droits des personnes transgenres, et qui n’aura pas éteint une des étoiles les plus brillantes de notre communauté », déclarait récemment l’avocat de Chelsea Manning, Chase Strangio.
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Au sein de l’administration Obama, la décision de commuer la peine de Chelsea Manning n’a pas fait l’unanimité. Selon une source militaire citée par CNN, le secrétaire à la Défense, Ash Carter, y était notamment opposé. « L’ensemble de la communauté du renseignement est découragée par cette utilisation inexplicable du pouvoir exécutif », a confié ce haut responsable, jugeant la décision du président « profondément hypocrite compte tenu de la dénonciation par Obama du rôle de Wikileaks dans le piratage du parti démocrate ».
Dans le camp républicain, la décision du président sortant a suscité une levée de boucliers. « C’est tout simplement scandaleux. La trahison de Chelsea Manning a mis des vies américaines en danger et exposé certains des secrets les plus sensibles de notre nation. Le président Obama laisse derrière lui un dangereux précédent en montrant que ceux qui compromettent notre sécurité nationale ne seront pas tenus responsables de leurs crimes », a tonné dans un communiqué le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan.
Le très respecté sénateur John McCain, vétéran du Vietnam, a dénoncé une « grave erreur dont je redoute qu’elle encourage de futurs actes d’espionnage et sape la discipline militaire ». L’une des réactions les plus virulentes est venue du plus jeune sénateur des États-Unis, Tom Cotton, considéré comme l’une des étoiles montantes du parti républicain. « Quand je commandais des soldats en Afghanistan, le soldat Manning nous affaiblissait en faisant fuiter des centaines de milliers de documents classifiés à Wikileaks, a martelé l’élu de l’Arkansas dans un communiqué. Je ne comprends pas pourquoi le Président ressentirait une compassion particulière pour quelqu’un qui a mis en danger la vie de nos troupes, diplomates, agents de renseignement et alliés. Nous ne devrions pas traiter un traître comme un martyr ».
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Le raid du 12 juillet 2007 de l’armée américaine en Irak, transmis à Wikileaks par Bradley Manning (en anglais) :