L’aide internationale pour les victimes des inondations qui continuent de noyer une partie du Pakistan ralentit alors que la crise humanitaire entre dans une phase critique et que des millions de sinistrés sont menacés de mort, a prévenu jeudi l’ONU .
Mais avec 18 millions de victimes, dont 8 millions ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence et 4,8 millions sont sans abri, "la crise humanitaire est loin d’être finie" et "entre dans sa phase la plus critique", a averti Tammy Hasselfeldt qui préside le Pakistan Humanitarian Forum (PHF), organe de coordination de l’aide entre les ONG intervenant dans ce pays .
« Si l’on n’agit pas assez rapidement, des enfants et d’autres populations vulnérables pourraient mourir », a-t-elle ajouté.
Or, au moment où l’on découvre chaque jour un peu plus l’étendue du désastre, la mobilisation de l’aide internationale "ralentit", souligne l’ONU .
"Les fonds versés ont quasiment stagné" depuis une dizaine de jours, déplore le Bureau de coordination de l’ONU pour les affaires humanitaires( Ocha).
L’appel de fonds de 460 millions de dollars lancé le 11 août par l’ONU pour financer les seules opérations d’urgence n’a ainsi été satisfait qu’à 63,4% à ce jour, selon la même source.
Les besoins sont énormes et les opérations de secours restent extrêmement compliquées dans ce vaste pays en partie montagneux, où des milliers de routes et ponts ont été détruits par les flots qui continuent de surcroît à se déplacer, jetant chaque jour de nouvelles victimes sur les routes.
"Au regard du nombre de personnes dans le besoin, c’est une opération humanitaire d’une échelle sans précédent", explique le directeur de l’Ocha , Manuel Bessler.
Plusieurs responsables redoutent que les pénuries alimentaires et la malnutrition d’aujourd’hui ne se transforment en famine dans les prochains mois.
"Les gens ont perdu leurs semis, leurs récoltes et leurs revenus, ce qui les laisse vulnérables face à la faim", a prévenu mercredi la directrice générale du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU, Josette Sheeran.
Les agriculteurs pakistanais ont un "besoin urgent" de semences de blé car le pays inondé "risque de perdre la récolte de toute une année", a abondé l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Dans la province méridionale du Sind, en particulier dans la basse vallée du fleuve Indus qui a gonflé ces derniers jours jusqu’à 40 fois sa taille normale, les eaux commencent à refluer depuis deux jours, mais des millions de personnes évacuées étaient toujours abandonnées à leur sort.
Dans le district très affecté de Thatta, l’eau a pénétré dans Jati et se trouve à deux kilomètres de Choohar Jamali, deux villes quasiment vidées de leurs habitants, ont indiqué jeudi matin les autorités du district.
Mercredi, 500 sinistrés excédés avaient bloqué la route dans les faubourgs de la grande ville de Thatta, exigeant de l’aide du gouvernement.
Rappelons que le bilan officiel est pour l’heure d’un peu plus de 1.640 morts, à peine révisé depuis le début des inondations, mais le gouvernement et les ONG prédisent qu’il va considérablement augmenter à mesure du reflux des eaux.