Dans Le Monde diplomatique de février 2018 – eh oui, on lit tout – le journaliste et écrivain Thomas Frank s’interrogeait sur le rapport pervers entre Weinstein et la gauche (américaine), et plus largement sur le cousinage de la gauche avec les pires des oligarques. Voici ce qu’il écrit sur le producteur déchu d’Hollywood :
« Rarement un homme qui défendait si fastueusement les bonnes causes s’était autant appliqué à les piétiner. Comment comprendre qu’il ait pu s’identifier à des idées de gauche ? Par goût du pouvoir, peut-être, pour jouir du frisson de compter parmi les amis d’un William Clinton. Ou alors par désir d’absolution morale, celui-là même qui incite Walmart, Goldman Sachs ou ExxonMobil à parrainer des œuvres de charité.
Dans le monde des grandes fortunes, le progressisme fait office de machine à laver pour rendre sa rapacité plus présentable. Ce n’est pas un hasard si, en guise de première réplique désespérée aux accusations accumulées contre lui, M. Weinstein a promis de croiser le fer avec la National Rifle Association et de financer des bourses d’études réservées aux femmes. »
Bien dit, non ? Chez nous, c’est exactement la même chose. Tous les people qui nous gonflent avec leur gauchisme de pacotille se lavent ainsi de leur fric mal gagné ou de leur compromission avec le pouvoir. Ce qui est pareil. Ils ont plein la bouche d’humanisme déplacé, de solidarité bidon et de consignes comportementales alors que tous, ou presque, escroquent le fisc.
La loi médiatique est simple : plus on est égoïste, plus on professe un gauchisme de compensation. Rien n’a changé depuis les dames patronnesses ou la visite d’Anémone Giscard dans les quartiers pauvres de banlieue... mais elles au moins ne trichaient pas. Ou trichaient mal.
Les Giscard, qui paraissent extrêmement vertueux avec le recul, n’ont jamais joué à paraître « de gauche ». Aujourd’hui, c’est l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy qui blanchit son image en s’engageant pour... les enfants atteints du cancer, une noble cause s’il en est.
Pourquoi ne pas croire à la sincérité de Nicolas Sarkozy ? Parce que c’est un politique jusqu’à la trogne, que la droite est en morceaux et qu’il est peut-être en train de revenir pour rafler la mise. N’oublions pas qu’il était à la manœuvre dans la démolition de la campagne de François Fillon.
Il est dommage que pour médiatiser une cause aussi noble que celle de la santé des enfants on soit obligé d’attendre qu’un people vienne faire sa promo. L’expérience nous a appris à nous méfier de toutes ces gesticulations humanistes, à l’image du faux philosophe BHL qui prône « l’empathie » et qui harcèle les présidents de la République successifs pour bombarder tel ou tel pays. Les Serbes et les Libyens ne l’ont pas oublié...