Il n’a pas son pareil pour tuer le père en politique, en l’occurrence Chirac, mais serait-il en train d’user de son art consommé de faire place nette pour revenir dans la course et écraser toute velléité Umpiste de briguer l’Élysée en 2017 ?
Telle une diva dont les adieux n’en finissent pas, Nicolas Sarkozy, éjecté de son trône après cinq années d’une hyperprésidence grisée par l’ivresse du pouvoir, s’était empressé d’endosser le costume très chic de conférencier de luxe. Passant d’un colloque de l’entre-soi à un autre, à New York, Shangaï ou Doha, sur une scène internationale où le temps c’est de l’argent, l’oligarque déchu réussissait encore à nous surprendre, car entre son anglais très approximatif et son piètre bilan présidentiel marqué du sceau de l’imposture, on était fondé à s’interroger sur la valeur de ses enseignements et la pertinence de ses prédictions.
Mais il lui fallait exister à tout prix lors d’une mise à la retraite forcée, et c’est en faisant fructifier son ego et son magot que l’ex-locataire de l’Élysée a papillonné d’une conférence à l’autre, tandis que ses proches lieutenants inconsolables, les Hortefeux, Estrosi, Guaino, Morano, Guéant, Lefèbvre parmi les plus tristement célèbres, se chargeaient d’entretenir le mythe en créant le club « les amis de Sarkozy », priant pour son come-back et son futur grand soir.
Pendant que le radeau UMP était à la dérive en novembre dernier, lors d’élections internes pitoyables, Sarkozy faisait peau neuve en se drapant dans les atours d’une diplomatie parallèle, profitant de son one-man-show pour serrer à nouveau les mains des grands de ce monde, dont celles de Vladimir Poutine à Moscou, de Dilma Roussef au Brésil, de Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, à New York, ou encore de José Manuel Barroso à Bruxelles. Il a même repris contact avec Obama par échanges épistolaires, et n’a pas manqué, en bon opportuniste qu’il est, d’appeler la chancelière allemande Angela Merkel pour lui souhaiter un bon anniversaire.
Aussi, il n’y a guère que le Quai d’Orsay qui pouvait s’étonner, non sans une pointe d’irritation, de son escale à Jérusalem, mercredi et jeudi prochains, en vue de renouer chaleureusement avec Benjamin Netanyahu, mais aussi d’y être mis à l’honneur, comme le rapporte Europe1. Officiellement, Nicolas Sarkozy devrait se voir décerner le diplôme « honoris causa » du collège académique de Netanya.
Une bien belle récompense qui ne couronne certainement pas son érudition personnelle, mais plutôt son lien indéfectible qui le lie, lui aussi, à Israël… Et en la matière, la concurrence est rude en France, tant il y a abondance de liens indéfectibles avec la terre promise et de futurs prétendants au titre de poulain tricolore d’Israël, tous partis confondus…
Le programme de l’ancien souverain, accapareur de tous les pouvoirs et funeste artisan de la stigmatisation antimusulmans, sera riche en accolades amicales scellant de futurs pactes unilatéraux, entre amis. Ainsi, outre l’ultrasioniste Netanyahu, Nicolas Sarkozy sera reçu en grande pompe, sur le tapis rouge déroulé pour les chefs d’État en activité, par le président israélien Shimon Pérès.
Un heureux présage qui ne trompe pas pour ses fervents adulateurs, qui l’ont consacré champion de l’UMP pour la présidentielle de 2017, et au diable les primaires, et même déjà roi.