En ce début de mois de mai, Benjamin Netanyahu a remercié la ville de Shanghai pour l’accueil de nombreux juifs allemands ou d’Europe de l’Est fuyant les répressions du régime national-socialiste au siècle dernier [1].
Cet acte constitue un bon argument au renforcement des relations commerciales entre la Chine et Israël, semble insinuer le Premier ministre israélien : « Nous espérons développer une coopération rapprochée avec la Chine. »
Les habitants de Shanghai n’ont pas été rancuniers, ou du moins n’ont pas versé dans l’essentialisme, car certains juifs n’ont pourtant pas laissé un souvenir impérissable en Chine. En effet, de nombreuses familles juives (les Kadouri, les Cohen, les Ezra, les Solomon, les Gubbay, les Elias et les Sassoon) sont arrivées au XIXème siècle en Inde afin de se spécialiser dans la culture et le commerce du pavot [2]. Naturellement, ils se sont mis à vendre leurs stupéfiants en Chine par l’intermédiaire de la voie maritime.
L’empereur chinois Daoguang décida alors de faire cesser ce trafic et d’endiguer le nombre de drogués. Avec leurs collègues britanniques, les familles juives impliquées dans ce commerce illicite refusèrent les normes édictées par l’autorité impériale au motif que la vente d’opium dans les ports chinois n’était pas constitutive de contrebande. Cette attitude déclencha la Première Guerre de l’opium (1839-1842), que les Chinois perdirent. Cela étant, le commerce de l’opium fut interdit. Après la Seconde Guerre de l’opium (1856-1860), il fut à nouveau légalisé. Ainsi, les Anglo-saxons et les juifs continuèrent de s’enrichir jusqu’en 1912, date de la Convention internationale sur l’opium de La Haye, qui en interdit le commerce.
Notons que la famille Sassoun a laissé une trace indélébile à Shanghai puisque la première synagogue de la ville avait pour nom Ohel Rachel en hommage à Lady Rachel Sassoon, la défunte épouse de Sir Jacob Sassoon Elias [3].