Louis-Napoléon Bonaparte, qui deviendra l’empereur Napoléon III, est né à Paris le 21 avril 1808, huit mois et une semaine après les retrouvailles à Toulouse le 12 août 1807 de son père Louis Bonaparte, frère de Napoléon 1er et roi de Hollande, et de sa mère Hortense de Beauharnais (la Reine Hortense).
De nombreuses observations, notamment de l’obstétricien Baudelocque, incitent à penser que l’enfant était prématuré de quelques semaines. Cependant, dès le Premier Empire et encore sous le Second, des doutes sur la paternité effective de Louis Bonaparte furent émis, la Reine Hortense ayant été fort entourée lors de son séjour à Cauterets en juillet 1807.
La multiplicité des liaisons supposées et leur incertitude nuisent à leur crédibilité mais il n’empêche que ces hypothèses (dites Verhuell, Bylandt, Decazes, Vallet de Villeneuve, . . .) sont reprises au début de toutes les biographies de l’Empereur Napoléon III.
Pour en finir avec ces interrogations, Le Souvenir napoléonien, société française d’histoire napoléonienne, a incité le professeur Lucotte à étendre son expérimentation à la recherche de l’haplogroupe de Napoléon III et lui a apporté son soutien dans ce but. Un collectionneur a bien voulu fournir pour cette recherche :
des cheveux conservés dans un médaillon et déclarés provenir de Napoléon III, prisonnier au château de Wilhemshöe en Allemagne le 6 mars 1871.
des cheveux prélevés sur la dépouille du Prince impérial, fils de Napoléon III, tué au combat en Afrique du Sud le 2 juin 1879.
D’autre part, le professeur Lucotte était en possession de l’haplogroupe de la famille Banquet d’Orx descendant, selon une tradition familiale, d’un fils naturel du Comte d’Orx, lui-même fils naturel reconnu de Napoléon III. Cet haplogroupe est différent de celui de Napoléon et Jérôme Bonaparte.
Les cheveux de Napoléon III sont porteurs de pellicules qui ont permis l’extraction de fragments d’ADN nucléaire. On y retrouve non pas l’haplogroupe des Bonaparte (Napoléon et Jérôme) mais celui de la famille Banquet d’Orx. L’expérimentation a été étendue aux cheveux provenant du Prince Impérial dans lesquels on retrouve bien l’haplogroupe identifié de son père Napoléon III.
La concordance de ces résultats permet d’affirmer que Napoléon III n’était pas neveu en lignée paternelle de Napoléon 1er, au sens génétique du terme. D’autre part, l’haplogroupe ’Napoléon III/Orx’ est d’un type relativement rare que l’on rencontre essentiellement dans la population corso-sarde (centre de la Corse et Sardaigne).
Cette dernière observation ouvre une nouvelle voie de recherche. Sans exclure totalement l’hypothèse que Napoléon III ne serait pas fils génétique de Louis Bonaparte, il n’est pas invraisemblable que ce serait plutôt Louis Bonaparte qui aurait eu un père génétique différent de celui de Napoléon et Jérôme et que Louis ne serait donc qu’un demi-frère (par voie maternelle) de Napoléon 1er.
Pour trancher définitivement entre ces deux possibilités, il serait nécessaire, à défaut de relique exploitable de Louis Bonaparte, de procéder à un prélèvement sur la dépouille de celui-ci, inhumé en l’église de Saint-Leu-La-Forêt, dans le Val d’Oise.