« Naoned e Breizh ! », « Nantes en Bretagne ! ». Repris par des milliers de manifestants – 13 000 selon la police, 35 000 selon les organisateurs, le slogan aura retenti samedi après midi dans les rues de la cité des ducs. Un incontestable succès pour cette manifestation – la troisième cette année – organisée pour la réunification de la Bretagne.
C’est sous un soleil radieux que les manifestants, venus de toute la Bretagne, se sont retrouvés en début d’après midi place de la Petite Hollande, au cœur de la ville, pour écouter les orateurs du monde politique, culturel et économique venus affirmer leur soutien à la Bretagne réunifiée.
L’écrivain Yann Quéfellec, Christian Guillemot, cofondateur d’Ubisoft – un des leaders mondiaux des jeux vidéos, la journaliste Stéphanie Stoll, les chanteurs Alan Stivell et Gilles Servat avaient fait le déplacement. Tout comme Patrick Mahé. Journaliste et écrivain, l’élu vannetais était venu présenter le vœu adopté la veille par le conseil municipal de Vannes en faveur du retour à une Bretagne à cinq départements. On notait également la présence de Marc Le Fur, député (UMP) des Côtes d’Armor. Partisan résolu de la Bretagne à cinq départements, l’élu breton a été très en pointe dans les débats sur le projet de réforme régionale.
Premier politique à prendre la parole, Jean-Michel Le Boulanger, vice-président en charge de la culture au conseil régional de Bretagne, a déclaré vouloir marquer son intervention « au nom du futur ». Pour cet ex-PS désormais « divers gauche », le développement économique de la Bretagne ne se conçoit pas « sans le sentiment d’appartenance ». Avant d’ajouter que « la réponse au désenchantement c’est l’identité ».
Représentant les 5 départements bretons, cinq maires prirent ensuite la parole. Christian Troadec maire de Carhaix et leader des « Bonnets rouges » a appelé les Bretons à créer leur propre voie, une sorte de troisième voie en dehors du PS et de l’UMP qui ont « toujours tourné le dos à leurs engagements » et trahi les intérêts bretons.
Patrick Mareschal – qui remplaçait le maire de Fégréac empêché – s’adressa à ses « chers compatriotes bretons » en rappelant qu’il avait manifesté depuis 1973 pour la réunification de la Bretagne. Après avoir affirmé « nous sommes le peuple avec sa terre et avec sa langue » l’ancien président (PS) du conseil général de Loire-Atlantique, se livra ensuite à une démolition en règle des Pays de la Loire « avec une Sarthe regardant Paris, un 49 vers le Val de Loire et une Vendée qui se veut une région à elle toute seule », avant de conclure « l’armée des pays de la Loire c’est combien de divisions ? »
Précédés de 400 sonneurs, les manifestants, venus pour la plupart en famille et majoritairement jeunes, devaient défiler ensuite dans le centre ancien de Nantes. Derrière une banderole proclamant « Nous sommes une nation », la manifestation s’est déroulé dans le calme alors qu’un important dispositif policier avait été mobilisé, notamment autour de la préfecture transformée en camp retranché. Passant devant celle-ci, quelques manifestants ne manquèrent pas de scander en breton, en direction des forces de l’ordre, un « er-maez ar c’hallaoued ! » (« les Français dehors ! ») bien senti.
À quelques semaines de la reprise des débats sur la réforme régionale quel sera l’impact de la forte mobilisation des Bretons ? Aux médias nationaux qui la qualifient de « baroud d’honneur », Yann Quéfellec rappelle Victor Hugo pour qui « quand une idée est en marche rien ne peut l’arrêter ».