Le gouvernement libyen, dont les forces ont bombardé jeudi pour la deuxième journée consécutive les terminaux pétroliers du golfe de Syrte tenus par les insurgés, s’est rallié au plan du président vénézuélien pour mettre fin à la crise.
Hugo Chavez propose l’envoi d’une mission de médiation latino-américaine, européenne et proche-orientale, mais Moustafa Abdeldjeïl, président du Conseil national libyen (CNL) formé par l’opposition, a exclu toute idée de discussions avec le "Guide", au pouvoir depuis 41 ans.
À Paris, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a annoncé que la France et la Grande-Bretagne étaient d’accord pour oeuvrer à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Libye.
Lors d’une conférence de presse conjointe, le secrétaire au Foreign Office, William Hague, a souligné qu’il s’agissait "à ce stade seulement de préparatifs" et non d’un feu vert.
Paris et Londres rejettent par ailleurs la proposition d’Hugo Chavez, ont dit les deux ministres.
Sur le terrain, selon des témoins, l’aviation libyenne a bombardé Marsa el Brega, ville pétrolière de l’Est où les forces hostiles à Mouammar Kadhafi avaient repoussé la veille une première offensive terrestre et aérienne.
Les insurgés, qui disent avoir atteint Ras Lanouf, autre terminal pétrolier à 600 km à l’est de Tripoli, semblent toutefois conserver l’avantage. Ils assurent en outre avoir capturé un groupe de mercenaires.
"Les bombes visaient en premier lieu à les effrayer pour les faire partir", a assuré Saïf al Islam, fils cadet de Mouammar Kadhafi, interrogé par la chaîne de télévision britannique Sky News.
A La Haye, le procureur général de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a annoncé que Mouammar Kadhafi et les membres du "premier cercle" pourraient avoir à répondre des crimes commis par les forces qui leur sont fidèles.
Les insurgés, armés de lance-roquettes, de batteries anti-aériennes et de chars, ont réclamé mercredi un appui aérien sous mandat de l’Onu. Ils se sont en outre prononcés jeudi pour l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne, reprenant à leur compte l’appel lancé par le n°2 de la mission libyenne à l’Onu. L’organisation serait, selon lui, sur le point "d’être convaincue" de l’utilité d’une telle mesure.
L’exode provoqué par les combats tourne à la crise humanitaire, notamment à la frontière tunisienne, où des dizaines de milliers de travailleurs immigrés viennent chercher refuge. Les autorités italiennes se préparent à un afflux de migrants fuyant les troubles dans l’ouest du bassin méditerranéen, a déclaré le ministre de l’Intérieur, Roberto Maroni, qui assure disposer déjà d’un plan B.
Le conflit a en outre réduit de moitié la production pétrolière, socle de l’économie nationale. La Libye, pays membre de l’Opep, produit d’ordinaire 1,6 million de barils par jour.
La Ligue arabe a fait savoir que le plan vénézuélien était à l’étude, ce qui a entraîné un recul de plus de trois dollars du cours du pétrole. Il est ensuite reparti à la hausse, pour s’établir aux alentours de 115 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord.